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Plus de pornographie à l’Assemblée nationale, mais des assises de la prostitution au Sénat

24 février 2010

par Henriette Zoughebi

La semaine dernière, la presse nous apprenait que l’Assemblée nationale venait de mettre en place un filtrage pour empêcher toute connexion aux sites pornographiques et pédocriminels.

Faut-il se réjouir de cette « avancée » ?

Faut-il se révolter que des députés aient pu, jusqu’à présent, soutenir l’activité lucrative de proxénètes et autres violeurs ? Qu’ils aient encouragé l’exploitation économique de cette matière première qui ne coûte rien tant elle peut être vendue et revendue ? Qu’ils se soient rendus complices de l’exploitation sexuelle d’êtres humains, principalement des enfants et des femmes ?

La négation de la souffrance des personnes exploitées par la marchandisation des corps est telle que les sites pédocriminels sont requalifiés en sites de pornographie juvénile. Elle est telle qu’on ne parle pas de prostitution filmée, mais de pornographie, comme si une caméra magique transformait les victimes en actrices.

Ce n’est pas pour les reconnaître dans leur humanité que l’Assemblée filtre désormais les sites pédocriminels et pornographiques. Il n’est pas question de dignité humaine, mais de protection du réseau informatique que menacent les virus propagés par ces sites...

Brimés, certains députés pourraient répondre positivement à l’invitation de la sénatrice des Verts, Alima Boumédiene-Thiery, qui nous convie à participer aux « Assisses de la prostitution » le 24 mars prochain.

Nous pouvons remercier Sarkozy d’avoir offert aux proxénètes, déguisés en prostitués ou en alliés des prostituées, une clé magique qui leur ouvre toutes les portes, notamment celles du Sénat.

En effet, en pénalisant les personnes prostituées, avec la loi pour la sécurité intérieure de 2003, il leur a permis d’entrer dans la dénonciation d’une réalité effectivement injuste et, de cette manière, de légitimer leur revendication d’instauration d’une société encore plus violente où certains auraient le droit d’acquérir, entre autres produits de consommation, le corps d’autres êtres humains.

Dans un jeu de ping-pong, des députées UMP leur répondent en proposant la réouverture des maisons closes, pour des raisons purement hygiénistes et, surtout, pour cacher cet esclavage qui fait honte.

Je refuse la pénalisation de celles qui sont exploitées dans la prostitution, comme je refuse la réglementation de cette exploitation.

Je crois à un monde sans prostitution. Comme je crois à un monde sans esclavage.

Dans notre pays, il n’est plus question de remettre en cause l’abolition de l’esclavage, même s’il existe encore des victimes. Nous sommes tous et toutes d’accord pour les protéger et personne n’oserait défendre l’aménagement des conditions de l’esclavage.

Ce qui a été possible pour l’esclavage doit l’être pour la prostitution.

Henriette Zoughebi
Conseillère régionale d’Ile-de-France
Site : www.unmondeenpartage.fr
Facebook.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 25 février 2010

Henriette Zoughebi


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