| Arts & Lettres | Poésie | Démocratie, laïcité, droits | Politique | Féminisme, rapports hommes-femmes | Femmes du monde | Polytechnique 6 décembre 1989 | Prostitution & pornographie | Syndrome d'aliénation parentale (SAP) | Voile islamique | Violences | Sociétés | Santé & Sciences | Textes anglais  

                   Sisyphe.org    Accueil                                   Plan du site                       






dimanche 22 juin 2008


Mariage forcé
Une fillette de huit ans séparée de son mari doit craindre pour sa vie

par Annette Langer






Écrits d'Élaine Audet



Chercher dans ce site


AUTRES ARTICLES
DANS LA MEME RUBRIQUE


Libérez l’avocate iranienne Nasrin Sotoudeh !
Anniversaire de l’effondrement du Rana Plaza - Rana Plaza est partout !
Un génocide méconnu : 50 millions de femmes disparues en Inde
Brisons le stéréotype de la femme musulmane au Québec
Mossoul. L’heure des règlements de comptes
Argentine - Mourir parce que l’on est une femme : la triste réalité du féminicide, fléau qui endeuille le pays
Des Palestiniennes créent une banque de semences pour préserver leur héritage agricole
Misère, domination masculine et oppression : les réfugiées syriennes dans la tourmente
Toute notre solidarité avec les femmes et le peuple kurde - Appel à l’action
Pays arabes - La Dre Alyaa Gad enseigne la santé et la sexualité à une chaîne télé sur Youtube
Appel des femmes kurdes - La mentalité patriarcale de la complicité AKP-DAESH : figure la plus atroce du féminicide
Inde - Les Femmes en Noir, solidaires de la résistance collective à la guerre contre le corps des femmes
L’avortement sexo-sélectif au sein de la communauté indo-espagnole
Femmes, islam et autres ennuis
Les femmes de Turquie partent en guerre contre l’oppression
Teesta Setalvad, l’âme de la lutte pour la laïcité en Inde
Un viol, un assassinat de trop !
Brésil - “Clandestinas”, un documentaire qui brise le silence sur l’avortement clandestin
Bahreïn : des experts de l’ONU appellent à cesser la répression contre les militantes des droits de l’homme
Les femmes et la mission indienne Mars : une photo qui dit plus que 1000 mots
Les évangéliques brésiliens à l’assaut de la sexualité
La Brigade rose, des femmes indiennes combattantes
52 personnalités féminines du monde réclament un TPI en République Démocratique du Congo
Brève histoire du mouvement féministe tunisien
L’ONU minimise les mutilations sexuelles féminines et maintient le tabou du rôle des religions
Le gouverneur de l’État de New York dépose une « Charte des droits » des femmes pour combattre la discrimination à leur égard
Démocratie sans État laïque ? Le "hold up" des printemps arabes
Acquittement de Pinar Selek annulé - Une décision jamais vue dans l’histoire mondiale du Droit
Honneur aux dissidents anti-fondamentalistes, Chevalier de la Barre d’aujourd’hui
Bosnie - Est-ce justice de ne pas tenir compte du viol en temps de guerre ?
Obama, Madonna et nous
Histoires minuscules des révolutions arabes - Rencontre à Lyon le 19 octobre 2012
À la rencontre d’Annie Sugier - Femmes voilées aux Jeux olympiques (ou Les femmes courent-elles moins vite que les Noirs ?)
Le retour des religions, synonyme du retour du bâton contre les femmes !
Le voile islamique, "symbole culturel" aux Jeux olympiques de Londres
Caroline Fourest paie-t-elle le prix du féminisme ou de sa lutte contre les intégrismes religieux ?
La Commission de la Condition de la femme de l’ONU recule devant les pays qui invoquent les traditions culturelles pour bafouer les droits des femmes
Ana Pak, féministe iranienne en exil : "S’unir dans la classe des femmes"
Pourquoi la question de la Palestine est un enjeu féministe
Le film "Circumstance - En secret" soutient les valeurs masculines
Le piège et l’impasse du féminisme islamique
Le féminisme n’est plus le mouvement révolutionnaire qu’il a été
Sisyphe.org aura 10 ans en 2012 : des changements en cours
Il bat deux femmes ou abat la dignité de toutes les femmes ?
Mettons fin au massacre des femmes – Mettons fin à la lapidation !
Au nom de la démocratie, ce que les laïques et les femmes ont à perdre en Tunisie
Polygamie et charia en Libye - Les femmes se révoltent contre la décision du CNT et s’adressent à l’ONU
Le rôle des femmes dans la contestation sociale en Israël
Affaire Shafia : "crime d’honneur" ou accident ? La Presse
L’intégrisme orthodoxe et la Serbie
Une éducation algérienne : de la révolution à la décennie noire - Conférence de Wassyla Tamzali à Lyon le 30 septembre
Les femmes qui débarrassent le Liban des bombes à fragmentation
Poste de contrôle israélien sur la route de la maternité : lieu de naissance ou de décès ?
Femmes courageuses - Les prix ne vont pas toujours à celles et ceux qui le méritent !
Le féminisme polonais n’est plus ridiculisé
La mobilisation d’un village palestinien force les autorités à amender les lois sur les crimes dits d’honneur
Marie-Andrée Bertrand - Développer, nourrir et enseigner la pensée critique dans une démarche créative
Libérez toutes les prisonnières politiques des prisons israéliennes
Donner aux femmes les moyens de se protéger contre les violences sexuelles lors de conflits armés
Haïti - État de la situation des femmes : pré et post-séisme 2010
Brésil - Les luttes des femmes pour l’égalité et la justice
La démocratie et l’égalité entre les femmes et les hommes
Italie - Mauvais jour pour le sultan Berlusconi : des millions de femmes réclament sa démission
Islam et intégrisme - La liberté de pensée a disparu sous le tapis de prière
Une Irano-Néerlandaise pendue en Iran
Le « viol correctif » en Afrique du Sud
Sud-Soudan - Les femmes ont juré qu’elles ne resteront pas des citoyennes de seconde classe
Que gagneront les Tunisiennes à la révolution dans leur pays ?
Prostitution, point de rencontre entre l’exploitation sexuelle et exploitation économique
La femme grillagée - Chanson
Haïti - La vie après le séisme
La lapidation, forme ultime du contrôle des femmes
Tunisiennes et citoyennes par-dessus tout
L’Iran élu membre de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies
Algérie - Le lynchage des femmes de Hassi Messaoud se poursuit
J’ai mal à mon Algérie pour le sort qu’elle réserve à ses femmes
Hassi Messaoud - Halte à la “fatalité” de la terreur à l’encontre des femmes algériennes ! Quoi faire tout de suite
Le voile, symbole de l’instrumentalisation des droits des femmes pour un projet totalitaire
Trois mousquetaires au féminin : Susan B. Anthony, Elizabeth Cady Stanton et Matilda Joslyn Gage
Amnesty et les intégristes : une vieille histoire, l’exemple de l’Algérie
Lettre ouverte au Secrétaire général des Nations Unies concernant la scandaleuse situation lors de la 54ème Commission de la condition de la femme !
Islamisme - Rayhana et les autres
Tuées et lapidées partout dans le monde, les femmes sonnent la révolte
Une femme en colère. Lettre d’Alger aux Européens désabusés
Commémoration des massacres d’Algériens et d’Algériennes le 17 octobre 1961
Arabie saoudite - L’écrivaine contestataire Wajiha Al-Howeidar remet les hommes à leur place
Arabie saoudite - Appel contre le mariage d’une fillette de 10 ans
Appel au soutien contre la mise en place de la charia en France
Egypte - Obama et la prison des identités religieuses
Obama au Caire : une gifle aux femmes qui se battent contre le voile islamique
Un tribunal d’Arabie saoudite condamne une veuve de 75 ans au fouet et à la prison pour "crime de mixité"
Misogynie et géopolitique
Les femmes exigent un nouvel ordre mondial
MGF-excision : une banalisation de la santé des Africaines au Québec ?
Menaces de mort par un groupe de "talibans" contre des fillettes scolarisées au Pakistan
Participation des femmes libanaises à la vie politique : cinq raisons en faveur d’un quota
Shahrzad New, en anglais et en farsi
Les femmes chinoises, les oubliées de la modernisation
Les femmes d’Okinawa aux militaires américains : "Cessez de nous violer et retournez chez vous."
7 avril, Journée mondiale contre les crimes d’honneur
Deux décennies de manifestations et d’espoir pour les Femmes en Noir
Quelle a été la situation des femmes en 2007 ?
Attaques à la bombe en Algérie - Appel de citoyens algériens aux organisations citoyennes, aux partis et aux syndicats progressistes
Qu’est-ce que la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies ?
Crime d’honneur en Syrie : le gouvernement doit sauver la vie d’une jeune femme ou se faire complice d’un assassin
Le Réseau international de solidarité avec les femmes iraniennes appelle à l’aide
L’Agenda des femmes 2008 - La parole aux filles de 9 à 12 ans
Bhawani Rana, une femme qui se bat pour d’autres
Le pouvoir politique de l’amitié
L’ONU, alliée des femmes ?
De partout des femmes interpellent l’humanité
L’UNICEF demande un meilleur accès à la santé et à l’éducation pour les femmes afghanes
Un héritage scandaleux de l’ONU au Timor
Hidjab, soccer et manipulation
L’application de la charia en France
Une juge allemande s’inspire du Coran pour excuser un mari violent
Père et fils condamnés pour avoir battu une jeune femme au nom de traditions religieuses
Vandalisme chez une dirigeante musulmane canadienne qui critique le port du voile
Un père désespéré appelle à sauver la vie de sa fille
Le mariage forcé tue !
« Nous rejetons la mondialisation néo-libérale et patriarcale »
Au Brésil, 2000 femmes détruisent des pépinières d’eucalyptus et un laboratoire de recherche
Égalité ! Égalité ! Égalité ! ...
Le programme du Hamas : la Charia et la haine des femmes !
Le « féminicide » dans les républiques « maquiladoras »
Le Comité des droits de l’homme de l’ONU blâme sévèrement le Canada pour le traitement infligé aux femmes autochtones et aux détenues
Le message des femmes de la République de Guinée
La libération des femmes n’est pas un luxe réservé aux pays riches
Aung San Suu Kyi, 60 ans, toujours assignée à résidence
"Les femmes ne doivent rien, c’est à elles que l’on doit"
Le passé n’est pas un pays étranger
Ce code algérien de la famille vieux de 20 ans, ça suffit !
Assassinat d’une dirigeante syndicale en Colombie
La colère des femmes contre le viol dans le nord-est de l’Inde
La police du Soudan reçoit une formation sur l’aide aux victimes de violences sexuelles
Appel à la solidarité internationale pour le peuple haïtien
Des groupes de femmes demandent la démission de Miriam Tey, directrice de l’Institut de la Femme en Espagne
La directrice de l’Institut de la Femme édite un livre qui fait l’apologie du viol des femmes et des petites filles
En Iran, un texte de loi sur les droits des femmes soulève un tollé







La jeune Nujûd Nasser, âgée de huit ans, a subi pendant des semaines des tourments et des abus aux mains du mari qu’on lui avait imposé. La fillette yéménite vient maintenant d’obtenir l’annulation de cette union devant les tribunaux. Elle doit toutefois craindre pour ses jours.

Hambourg - La jeune Yéménite Nujûd Nasser a l’air éveillé et extrêmement déterminé. Foulard rabattu sur le front, bras menus croisés sur la poitrine, c’est ainsi que la représente le journal Yemen Times. Une fillette apparemment normale, qui ne laisse rien voir des épreuves qu’elle a subies au cours des derniers mois.

En effet, elle sort de semaines d’angoisse pendant lesquelles elle a été violée, battue et humiliée à outrance. Des semaines durant lesquelles personne n’a prêté l’oreille à ses plaintes ni même tenté de lui venir en aide. Une enfant livrée aux quatre volontés d’un homme d’âge mûr et de sa propre famille.

« Chaque fois que je voulais aller jouer dans le jardin, il me battait et me demandait de l’accompagner dans la chambre à coucher », relate Nujûd au Yemen Times. Elle tentait d’échapper à son tortionnaire en fuyant d’une pièce à l’autre. « Il réussissait toujours à me rattraper ». L’homme, âgé de trente ans, aurait fait beaucoup de « mauvaises choses », raconte la jeune fille. Et celle-ci ne pouvait compter sur aucune aide de l’extérieur.

Son propre père la battait fréquemment et la menaçait de viol, au cas où elle refuserait d’épouser Fâ’iz Ali Thamir, le parti qu’il avait choisi pour elle. « Aucune loi et aucun chef de tribu au pays ne pourront empêcher cela ». L’enfant n’a pas eu le choix : les noces ont été célébrées et le mariage a été consommé.

« J’ai mendié, et j’ai prié mes parents et une tante de m’aider à divorcer. Ils ont répondu : ‘Nous ne pouvons rien faire pour toi. Si tu veux aller devant les tribunaux, débrouille-toi toute seule’ ». Et c’est justement ce qu’a fait la fillette. Au début du mois d’avril, elle s’est enfuie de la maison de son mari puis s’est adressée à la cour compétente de Sanaa, la capitale du pays. Le tribunal vient d’annuler le mariage et de condamner la famille de la petite à une amende de 250 dollars américains.

Qui ne dit mot consent

Qu’une jeune fille ose se rebeller ouvertement contre la charia et le poids des traditions constitue un fait inouï, du jamais vu au Yémen. Plus inouïe encore a été la réaction du juge Muhammad al-Qathi. Celui-ci a manifestement fait preuve de compassion envers l’enfant. Il a aussi fait arrêter provisoirement le père et mari de Nujûd, et ce, même en l’absence d’acte d’accusation officiel, car la jeune fille, étant mineure, n’était pas habilitée à en présenter un. La fillette a d’abord été hébergée chez le juge, puis chez un de ses oncles.

La réaction extraordinairement conciliante du juge s’explique sans doute par des motifs personnels : « Je ne crois pas qu’on puisse y voir une tendance vers un renforcement des droits des enfants au Yémen », a affirmé à Sanaa une responsable de l’organisation de défense des droits des enfants Save the Children au journal Spiegel Online.

De fait, l’article 15 du Droit civil yéménite stipule qu’un jeune homme ou une jeune femme ne peuvent se marier avant leur quinzième année de vie. Toutefois, en pratique, il y a un gouffre entre la lettre de la loi et la réalité. Une étude menée par le Women and Development Study Center de l’Université de Sanaa a révélé que plus de la moitié des jeunes filles mineures sont mariées de force.

« Certes, selon la charia, la fiancée peut refuser un mariage arrangé, mais, en pratique, ceci ne se produit à peu près jamais », affirme Myria Böhmecke de l’organisme Terre des Femmes (1) à Spiegel Online. Généralement, c’est la règle du « qui ne dit mot, consent » qui prévaut. Le contrat se conclut entre le père de la fiancée et le futur mari.

Dans le cadre d’une étude menée en 2006, des chercheurs ont interrogé 1 495 couples. Considérés à l’aune des valeurs occidentales, les résultats donnent la chair de poule. Certes, au cours des trois dernières générations, l’âge moyen au moment du mariage chez les filles est passé de 10 à 14,7 ans. Cependant, dans des régions comme Hudeida et Hadramaut, les enfants sont mariés dès l’âge de huit ans en moyenne.

Le Comité national des femmes du Yémen a réclamé que l’âge minimum du mariage soit porté à dix-huit ans. La proposition a été rejetée, car il n’existerait pas de justification juridique pour un tel amendement. « C’est non seulement contraire à l’islam, mais c’est aussi inhumain d’exposer des filles si jeunes à une telle expérience », a tonné la présidente du Comité national des femmes, Rachîda al-Hamadani.

« Comment a-t-elle pu oser ? »

Le père de Nujûd, Muhammad Nasser, a été libéré peu de temps après son arrestation pour des raisons de santé. Avant le mariage forcé qu’il avait ordonné pour sa fille, il aurait perdu un emploi comme conducteur de camion d’ordures ménagères à Hajja et il doit depuis lors se débrouiller en mendiant, comme les dix millions de Yéménites qui vivent sous le seuil de la pauvreté. Selon un parent, il souffrirait en plus de problèmes de santé mentale.

Fâ’iz Ali Thamir, le mari, est par contre toujours incarcéré et s’insurge contre l’impertinence de son « épouse ». Selon le Yemen Times, il aurait déclaré : « Comment a-t-elle pu oser porter plainte contre moi ? J’ai le droit de la garder. » Il n’aurait pas besoin de coucher avec la fillette, mais pourrait cependant la garder avec lui : « Personne ne peut m’en empêcher ».

« Il existe des centaines de filles comme Nujûd exposées à des abus aux mains d’hommes plus âgés, rappelle Shatha Ali Nasser, avocate à la Cour suprême de Sanaa. Le problème, c’est qu’il n’existe pas de loi pour punir le père qui conclut un mariage forcé pour sa fille, pour punir le chef de tribu qui autorise le mariage ou pour punir l’homme qui emmène la jeune fille chez lui pour en faire sa servante », a-t-elle déclaré au Yemen Times.

Pour protéger Nujûd contre les éventuelles exactions de la famille, la fillette est actuellement hébergée dans un établissement de l’organisme de protection de l’enfance Dar al-Rahma (2) : « Là-bas, elle a de bonnes chances de jouir d’une vie et d’une éducation meilleures », précise l’avocate. Elle y est accueillie gratuitement.

Quatre cents crimes d’honneur par année

Puisque le mariage forcé signifie presque toujours pour les jeunes filles l’arrêt de l’école et l’interruption des études, les conséquences de cette pratique sont pour elles désastreuses. Le Yémen a un taux d’analphabétisme chez les femmes de près de soixante-dix pour cent, soit un des plus élevés au monde.

Le fait que les enfants n’aient droit à aucun appui, ni de la part de la collectivité ni de la part de leur propre famille, est particulièrement accablant. « Même les proches et les parents bienveillants ont peur d’intervenir, déclare Myria Böhmecke de Terre des femmes. Lorsqu’un mariage arrangé se trouve empêché, cela équivaut à une transgression grave du code d’honneur familial. Cet affront ne peut être réparé que dans la violence, c’est-à-dire par un ‘crime d’honneur’ ».

Durant la seule année 1997, le département d’études féminines de l’Université de Sanaa a recensé plus de 400 actes de violence meurtrière de cette nature. Il s’agit des seules statistiques crédibles dont nous disposions. Les chiffres réels doivent correspondre à un multiple de cela, parce que la plupart des crimes d’honneur sont maquillés en accidents et que la loi du silence règne au sein des familles concernées. De plus, il n’existe pas de données fiables sur les mariages. « Personne ne sait où, quand et auprès de quel imam les filles sont mariées », rapporte la championne des droits des femmes Myria Böhmecke.

« Il est extrêmement difficile de la protéger contre sa famille »

Quand ce sont la loi tribale et la charia qui prévalent, on se trouve à des années-lumière d’une justice indépendante. Au Yémen, la peine de mort est toujours appliquée aux mineurs, même si cela contrevient à l’article 31 du Code criminel de ce pays. Amnistie Internationale évalue à au moins trente le nombre des exécutions au cours de la dernière année.

Même s’il peut être utile de rendre public le cas de Nujûd, il existe peu d’espoir que la fillette de huit ans puisse entreprendre une nouvelle vie. « Par son comportement, Nujûd a souillé l’honneur de la famille. Il sera extrêmement difficile de la protéger contre sa propre famille, rappelle Myria Böhmecke. Il faudra beaucoup d’argent et de dévouement pour assurer son anonymat et la cacher pendant toute sa vie, car tous les membres de sa parenté sont invités à se venger. »

Nujûd ne craint pas seulement pour sa vie. Elle se fait aussi du souci pour sa jeune sœur âgée de six ans, qui pourrait subir le même sort qu’elle. Pourtant, la fillette n’a qu’un désir : « Tout ce que je souhaite, c’est pouvoir mener une vie honorable. »

Source : Spiegel Online.

Notes

1. NdT : « 
Terre des femmes
 », malgré son nom français, est un organisme sans but lucratif allemand qui se donne pour objectif la défense des droits des femmes et des jeunes filles, et qui s’élève contre des pratiques telles que l’excision, les crimes d’honneur, etc.
2. NdT : « maison de la pitié » en arabe.

Traduit de l’allemand par Raymond Roy pour Sisyphe.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 20 mai 2008



Format Noir & Blanc pour mieux imprimer ce texteImprimer ce texte   Nous suivre sur Twitter   Nous suivre sur Facebook
   Commenter cet article plus bas.

Annette Langer



    Pour afficher en permanence les plus récents titres et le logo de Sisyphe.org sur votre site, visitez la brève À propos de Sisyphe.

© SISYPHE 2002-2008
http://sisyphe.org | Archives | Plan du site | Copyright Sisyphe 2002-2016 | |Retour à la page d'accueil |Admin