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lundi 2 avril 2012

Légaliser les bordels équivaut à légaliser une forme de violence contre les femmes
Choix et légalisation ne sont pas synonymes

par Megan Walker, London Abused Women’s Centre






Écrits d'Élaine Audet



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Le London Abused Women’s Centre (LAWC) n’appuie pas la recommandation de légaliser les bordels annoncée lundi dernier par la Cour d’appel de l’Ontario, alors même qu’elle continue à criminaliser toute sollicitation par les femmes de la rue.

Il n’y a pas pire fausse croyance que l’idée qu’un bordel est synonyme de sécurité pour les femmes prostituées. Le niveau de risque que vivent les femmes prostituées dans un bordel est tout aussi élevé que celui vécu par les femmes prostituées dans la rue, celles qui vont continuer à faire face à des sanctions pénales, malgré la nouvelle décision du tribunal.

Si les tribunaux et la société ont réellement à cœur la sécurité des femmes prostituées, ils doivent adopter le modèle nordique, qui vise plutôt une élimination de la demande d’achat de sexe. Ce modèle a l’avantage de tenir légalement responsables de leurs actes les prostitueurs, véritables responsables de la prostitution. Il dépénalise les actions des femmes prostituées et leur propose une stratégie de sortie.

Il ne s’agit pas d’une solution idéaliste ou illusoire. Beaucoup d’éléments probants issus de Suède et de Norvège témoignent de l’efficacité du modèle nordique. À ces preuves s’ajoutent d’autres données, issues des pays où la prostitution a été légalisée, qui démontrent une hausse des risques pour les femmes et une augmentation de la prostitution et de la traite. Le seul véritable moyen de protéger ces femmes consiste donc à adopter le modèle nordique de dissuasion des acheteurs.

Libre choix ?

Depuis la publication de la décision rendue en appel, on nous a opposé l’argument selon lequel la prostitution devrait être légalisée parce qu’elle reflète le choix des femmes d’entrer dans cette industrie. Cette opinion est partagée non seulement par certains membres du public, mais étrangement par certains organismes féministes aussi.

Le droit des femmes au libre choix est une valeur que soutient le London Abused Women’s Centre. Chaque femme victime de violence qui se présente au LAWC pour chercher une défense de ses droits, du soutien ou du counselling est considérée comme l’experte de sa propre vie. C’est elle qui sait ce qui est dans son intérêt et dans celui de ses enfants. Le LAWC offre aux femmes des choix, il les renseigne sur les conséquences qu’auront ces choix et il appuie les femmes, quel que soit leur choix. Surtout, les femmes se voient offrir un plan de sécurité.

Il y a des moments où, malgré une quantité incroyable de violences physiques, affectives, sexuelles et psychologiques, ainsi que de menaces, d’isolement forcé et de harcèlement, des femmes victimes de violence choisissent de rester avec leur agresseur. Elles peuvent le faire parce qu’elles ont peur et qu’elles croient que si elles partaient, l’agresseur les tuerait ou tuerait leurs enfants. C’est un choix terrible... rester et être violentée ou partir au risque de sa vie.

Dans d’autres situations, les femmes victimes de violence choisissent de rester faute de pouvoir payer un avocat. Même avec de l’aide juridique, il est très difficile de trouver aujourd’hui un-e avocat-e en droit de la famille. Elles peuvent aussi rester faute d’endroit où aller. Même avec la priorité accordée aux femmes victimes de violence, la liste d’attente pour un logement à prix abordable est longue de plus d’un an à London. En outre, les femmes violentées peuvent rester faute de ressources financières. Les prestations du programme Ontario au travail ne permettent pas à une femme de subvenir adéquatement aux besoins de ses enfants. Bref, il y a une foule de raisons pour lesquelles les femmes peuvent choisir de rester.

Le projet de légalisation des bordels équivaut à légaliser une forme de violence faite aux femmes. Que les femmes choisissent ou non d’entrer dans la prostitution, elles y sont souvent confrontées au même type de violence et de maltraitance que connaissent tant de femmes dans leurs relations intimes. Ce projet équivaut à sanctionner un système d’agression, de séquestration, d’agression sexuelle, de viol et plus encore. C’est pourquoi la communauté féministe et le public ne devraient pas l’appuyer.

Il existe des différences entre les femmes violentées par leur partenaire et les femmes prostituées.

C’est en moyenne à 12 ans que les femmes entrent dans l’industrie du sexe.

La plupart des femmes prostituées ont été agressées sexuellement dans l’enfance, et certaines statistiques indiquent que jusqu’à 85% d’entre elles ont été victimes de violence.

Elles sont nombreuses à éprouver des problèmes de toxicomanie. Certaines femmes indiquent être devenues narco-dépendantes comme moyen de faire face à la violence sexuelle qui caractérise l’industrie, tandis que d’autres disent y être entrées pour financer leur consommation de drogues.

Enfin, certaines deviennent prostituées parce que la société renforce la notion que les femmes sont des objets à acheter et à vendre : elles ont peu d’estime de soi, du fait d’avoir été traitées de cette façon depuis leur enfance. On ne les considère que comme des orifices destinés à satisfaire les désirs sexuels des hommes.

Qu’elles soient maltraitées par un partenaire intime ou par un prostitueur, ces femmes sont maltraitées. Pour de nombreuses femmes, leurs choix de rester avec un agresseur ou d’entrer ou sortir de l’industrie du sexe sont faits dans le contexte de tentatives de survivre dans un monde dominé par les hommes.

Il nous faut comprendre ce qu’il y aurait d’hypocrite à affirmer, d’une part, un soutien aux choix des femmes quand elles sont maltraitées par leurs partenaires intimes, ce que nous reconnaissons comme une infraction pénale, tout en affirmant d’autre part un soutien aux choix des femmes prostituées lorsqu’elles sont violentées par des proxénètes et clients, mais en endossant une légalisation des bordels.

Cela est tout simplement illogique.

Nous devons tenir criminellement responsables de leurs actes les auteurs de l’ensemble des formes de violence et de maltraitance anti-femmes, tout en offrant à celles-ci les appuis nécessaires pour leur permettre de vivre à l’abri de la violence.

Il est temps de déplacer la perspective : plutôt que d’interpeller les femmes sur des choix qu’elles sont forcées de faire, il est temps de demander aux hommes pourquoi ils font le choix d’acheter des femmes pour le sexe. Pourquoi ils choisissent de maltraiter des femmes ? Pourquoi des hommes qui ont une partenaire et des enfants à la maison choisissent-ils de violenter sexuellement et physiquement une femme, puis de la rejeter comme un emballage de bonbon ?

Ce ne sont pas les choix que posent les femmes qui accroissent la violence.

C’est le choix que posent des hommes.

Version originale : "Choice Should Not Equal Legalization"

Traduction : Martin Dufresne

Mis en ligne sur Sisyphe, le 1 avril 2012



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Megan Walker, London Abused Women’s Centre



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  • Légaliser les bordels équivaut à légaliser une forme de violence contre les femmes
    (1/1) 8 avril 2012 , par





  • Légaliser les bordels équivaut à légaliser une forme de violence contre les femmes
    8 avril 2012 , par   [retour au début des forums]

    Je suis d’accord sur le fait que la prostitution, dans les pays où elle est interdite, reflète très rarement un choix de pleine conscience de la part des femmes. Par contre, je suis plus sceptique sur le traitement que vous faites de cette industrie. En lisant cet article j’ai eu l’impression de lire que le sexe s’apparente TOUJOURS à la violence. Vous dites que la visite à une prostituée est toujours une forme de maltraitance, ce qui est quand même très réducteur. Je reste persuadée que le danger et la violence sont quand même en grande partie liés au manque d’encadrement de la profession. Vous dites également que dans les pays où elle a été légalisée, la violence est toujours voire encore plus présente. Avez-vous des exemples, des chiffres, bref, des preuves à nous apporter ? Je ne dis pas que c’est faux, je suis prête à le croire, si vous apportez de quoi l’illustrer. Bon, ces exemples sont peut-être présents dans d’autres articles mais il est utile de le préciser (ne serait-ce que pour satisfaire les casse-pieds dans mon genre).
    Par contre je suis entièrement d’accord avec vous : si l’on arrive pas à se décider si on légalise ou non, il serait temps de punir les responsables plutôt que les victimes... Un choix de la part des femmes, n’importe quoi !


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