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vendredi 11 avril 2014

Appartenez-vous au féminisme de « Janette » ou à celui de « Françoise » ?

par Chantale Caron, femme d’affaires et militante féministe






Écrits d'Élaine Audet



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Un des effets que cette campagne électorale aura mis au grand jour, c’est le décalage de plus en plus évident entre le féminisme de « Françoise », auquel s’identifient plusieurs universitaires et journalistes, et celui de « Janette », auquel s’identifie encore la grande majorité des Québécoises et de Québécois.
Il est notoire que le mouvement féministe a toujours été traversé de multiples courants, mais ce que vit le Québec féministe actuellement avec le débat sur la laïcité n’est qu’un début. Gageons qu’avant la fin de l’année, l’idéologie « Janette » et l’Idéologie « Françoise » feront encore des éclairs avec les débats à venir autour de la question de la prostitution.

Êtes-vous : A) Une FRANÇOISE ?

Le féminisme de Françoise est universitaire. Il se situe dans la mouvance dite « de la troisième vague ». En termes simples, ce courant se caractérise par une analyse qui prend fait et cause pour les multiples oppressions que vivent les femmes, et qui suppose que, pour un grand nombre d’entre elles, l’oppression patriarcale ne constitue pas toujours la plus lourde de leur oppression.

Cette approche sous-tend qu’il est tout à fait normal que ces femmes combattent, par exemple, le système colonial qui les limite bien plus fortement dans leur développement personnel et collectif. Les femmes autochtones au Canada sont un exemple patent de la difficulté qu’elles ont, à raison, de se reconnaître dans le féminisme « ethnocentrique blanc » qui travaille à des années-lumière de leur réalité. Il est donc tout à fait normal que des féministes québécoises aient adopté cette approche avec un réel enthousiasme, y voyant là la promesse d’un « meilleur féminisme », plus « inclusif ».

Cette approche a pour avantage de propulser en avant-scène les combats spécifiques de ces groupes de femmes, qui se trouvent magnifiés par le poids de l’ensemble du mouvement féministe. Le mouvement « Idle no more » en est un bel exemple. Initié par des femmes autochtones et soutenu par les milieux féministes, le mouvement a pris une ampleur sans pareil.

Séduisant.

Mais qu’en est-il quand des groupes de femmes font le jeu du patriarcat ? Qu’en est-il lorsque des femmes se disent opprimées par un féminisme « ethnocentrique » pour lequel le combat du patriarcat est central ? Eh bien, le féminisme de Françoise répond présent. Et il milite pour solidifier des structures patriarcales qui sont mises à mal par les législations égalitaristes qui prévalent dans notre pays. Et plus grave encore, il milite contre le féminisme de Janette.

Êtes-vous : B) Une JANETTE ?

Le féminisme de Janette se situe plutôt dans la mouvance dite « de la deuxième vague ». Ce combat féministe ne se veut pas une lutte des classes de femmes, mais une lutte des classes de sexes. Il n’est pas issu des universités, il est issu des femmes, et a ensuite été vérifié par de nombreux ouvrages universitaires. C’est lui qui s’est inscrit dans notre ADN collectif.

Il n’est pas nécessaire de s’appuyer sur des théories éthérées pour se reconnaître en lui, il suffit de savoir à quel moment nous subissons un traitement différencié des hommes. Il suffit d’avoir vécu le malaise de ne pas être écoutée dans un milieu professionnel, par exemple, non pas parce qu’on est moins diplômée ou expérimentée, mais simplement parce que femme.
Il suffit d’être allée à la banque avec un dossier d’affaires en béton et d’en ressortir, penaud, et de voir notre associé décrocher le prêt sans effort pour le même dossier.

Il suffit d’avoir connu l’injustice, l’abus, le viol et les jugements incessants sur notre apparence ou sur l’éducation de nos enfants pour comprendre le combat de Janette.

Ce féminisme ne produit pas des résultats différenciés, il combat pour des droits qui seront au profit de toutes les femmes, qu’elles soient noires, blanches, autochtones, riches ou pauvres, ou qu’elles appartiennent à une confession ou à une autre.

Le féminisme de Janette ne veut pas que les droits dont toutes les Québécoises bénéficient ne puissent être révoqués par des femmes issues de l’immigration. Le droit à l’avortement ou le droit à la mixité dans les espaces publiques comme les piscines, les plages, les jeux olympiques ou les milieux de travail, ce sont des droits auxquels toutes peuvent se référer, INCLUSIVEMENT.

Le féminisme de Janette n’est pas ethnocentriste, il s’appuie sur une législation qui n’est pas ethnique.

Alors, à quel type de féminisme appartenez-vous ?

Publié simultanément par le Huffington Post Québec et Sisyphe. Merci à l’auteure.

 Lire aussi de la même auteure : « L’intervention féministe intersectionnelle – Troquer un idéal pour une idéologie trompeuse ? »

Mis en ligne sur Sisyphe, le 4 avril 2014

 Suggestion de lecture : « Lettre à Janette Bertrand - Ce que vous dites est vrai, juste, vérifiable », par Leila Lesbet, membre fondatrice de l Association québécoise des Nord-Africains.



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Chantale Caron, femme d’affaires et militante féministe

Chantale Caron a fait des études en gestion des affaires et est propriétaire d’une entreprise avicole de la Montérégie. Féministe militante, elle a déjà œuvré à la direction d’une maison d’aide et d’hébergement pour femmes victimes de violence, après avoir travaillé à la direction générale d’organisations culturelles nationales et à la tête de différentes organisations communautaires de la région de Montréal. Aujourd’hui, elle milite pour la mise sur pied d’une Centre des femmes dans la région de la MRC Pierre-de-Saurel, L’Agora des Femmes ; et dans l’organisation féministe mixte et laïque "Pour les droits des femmes du Québec (PDF-Québec). Actuellement, elle dirige le Centre de prévention du suicide de Pierre-De Saurel. Elle s’exprime ici à titre personnel.



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