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mardi 3 juin 2014 Des groupes dénoncent le mot d’ordre de la Marche des Fiertés de Lyon qui amalgame trans, PMA, IVG, GPA et prostitution
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À l’appel d’Osez le féminisme 69, les associations et organisations signataires de ce communiqué s’unissent aujourd’hui pour exprimer leur profond désaccord avec le mot d’ordre de la Marche des Fiertés, qui se déroulera à Lyon le 14 juin 2014, et qui aura pour thème cette année : « Nos corps, nos choix : droits des trans, PMA, IVG, GPA et prostitution ». Amalgame entre revendications féministes et des réclamations machistes Nous tenons à dénoncer clairement l’amalgame contenu dans ce mot d’ordre entre les luttes contre les LGBTphobies, celles pour les droits reproductifs et sexuels des femmes et la défense de deux des pires produits des systèmes patriarcal et capitaliste : la Gestation Pour Autrui (GPA) et la prostitution. En effet, enjoindre l’opinion à se rassembler autour du mot d’ordre « nos corps, nos choix » en associant fallacieusement la PMA et l’IVG à la GPA et la prostitution est un procédé malhonnête qui ne doit pas demeurer sans réponse. Par cette manœuvre médiatique empreinte d’artifices idéologiques, la Lesbian and Gay Pride de Lyon fait fi des débats qui clivent la société politique et civile. Cet amalgame entre des revendications légitimes et progressistes et des réclamations clairement machistes résulte d’une volonté d’instrumentaliser un événement historique et certaines luttes féministes au profit des individus qui veulent s’octroyer le droit de traiter des femmes et des enfants comme des produits de consommation. Aussi tenons-nous à souligner que le mythe du choix individuel dans les pratiques de prostitution et de GPA contribue à invisibiliser et perpétuer l’oppression subie par une écrasante majorité des personnes concernées et nuit gravement au respect de leur dignité et à l’application de leurs droits humains fondamentaux. Il légitime une organisation sociale et économique fondée sur un rapport de domination et d’exploitation des plus vulnérables et des plus précaires, en majorité des femmes et enfants dont l’existence en tant qu’humainEs est niée. En votant le rapport Honeyball, le Parlement européen a récemment reconnu que la prostitution ne pouvait être dissociée de la traite des êtres humains et qu’elle constituait en elle-même une violence extrême envers les personnes prostituées. Martelons en effet que, à plus de 80%, les femmes et enfants prostituées sont issues de pays étrangers et de circuits esclavagistes. Peut-on sérieusement parler de liberté sexuelle lorsqu’elle est imposée et sous-tendue par la contrainte économique et qu’elle obéit, pour le plus grand nombre, aux diktats de la survie ? La liberté sexuelle repose sur le consentement mais également, et surtout, sur la réciprocité du désir. Dans une société où le néolibéralisme règne en maître, l’amalgame induit par « nos corps, nos choix » encourage la marchandisation et l’instrumentalisation des corps et le droit à la propriété. Nos aînées se sont battues aux cris de « Mon corps m’appartient » ; nous continuons de nous battre aujourd’hui pour disposer de nos corps, non pour les mettre à disposition du système patriarcal et marchand. « Mon corps m’appartient » signifie « Je suis mon corps. Je suis un être vivant et intégral, qui refuse d’être morcelé et dissocié. Je ne suis pas un bien mobilier. Je suis une personne qui n’est ni à vendre, ni à prendre, ni à louer, ni à échanger, ni à prêter, ni à instrumentaliser ». Contre la GPA Par ailleurs, dans le contexte houleux et la nébuleuse des protestations obscurantistes qui se sont dressées lors de l’adoption de la loi « mariage pour toutes et tous », alors que le gouvernement a mis sous le boisseau la proposition de loi concernant la PMA, nous déplorons que les débats concernant la PMA et la GPA soient insidieusement mis sur le même plan, entraînant une confusion pernicieuse. Nous nous élevons contre la GPA dans sa vision de « disponibilité du corps d’autrui » et alertons sur les dérives du droit à recourir aux femmes pour leur fonction reproductive. Quel que soit le contexte dans lequel elle est pratiquée (marchand ou non marchand), il s’agit toujours d’une instrumentalisation des femmes concernées, réduites à leurs organes reproductifs, dans le but de vendre ou de donner un enfant comme s’il s’agissait d’un jouet. A l’heure où les droits des femmes sont menacés en Europe - IVG en Espagne, rejet des rapports Estrela et Zuber - et dans le monde, les associations de défense des droits humains doivent être plus soudées que jamais face à la progression des intégrismes et du conservatisme archaïque et patriarcal afin de lutter pour l’émancipation, l’autonomie et l’égalité femmes-hommes. Nous nous désolidarisons donc de la marche des fiertés cette année, mais tenons à réaffirmer nos engagements dans les luttes contre les LGBTphobies, pour l’IVG, pour les droits des personnes transsexuelles et en faveur de l’ouverture de la PMA pour les couples de lesbiennes et les femmes célibataires. Nous rappelons qu’Osez Le Féminisme 69 a démissionné de la LGP de Lyon pour ces mêmes raisons. ASSOCIATIONS ET ORGANISATIONS SIGNATAIRES : − Osez Le Féminisme 69 Mis en ligne sur Sisyphe, le 2 juin 2014 |