|
jeudi 22 mai 2008 Avortement - Non au contrôle du corps des femmes par l’État, par Milaine Alarie
Récemment, un projet de loi voulant criminaliser le fait de blesser ou de causer la mort d’un fœtus, soit le C-484, a été approuvé en 2e lecture. Loin d’être un projet de loi qui a comme objectif la protection des femmes et de leurs enfants, il s’agit d’une tentative de ré-objectivisation du corps des femmes, de le soumettre à la volonté des hommes et de l’État. Tout d’abord, ces militant-es pro-vie qui s’acharnent à tenter de re-criminaliser l’avortement le font sous la bannière du droit des enfants à la vie. Pourtant, si l’on creuse un peu, on réalise rapidement que le sort des enfants n’est pas l’enjeu principal. Forcer une femme à avoir un enfant qu’elle ne désire pas est souvent utilisé comme une « leçon » pour ne pas avoir su « se protéger » contre les grossesses non désirées. Mais qui punie-t-on réellement ? Certainement la femme, mais surtout l’enfant non désiré qui risque de grandir dans une famille mal-aimante. Que fait-on des femmes (ou pères) droguées, abusifs ou tout simplement incompétentes qui se savent incapables d’élever un enfant avec amour ? Quel genre de vie offre-t-on à cet enfant ? Deux ans dans une famille violente, sans amour, pour ensuite se faire prendre en charge par un État qui ne sait plus quoi faire des enfants victimes, qui le trimbalera de famille d’accueil en famille d’accueil ? N’est-il pas mieux pour un enfant qu’il vienne au monde dans une famille chaleureuse, stimulante et sans violence ? S’il y a un droit à la vie, ne devrait-il pas y avoir un droit à une vie digne ? Si l’État s’arroge le droit de contrôler le système reproductif des femmes au nom du droits des enfants, à quand une loi qui interdira aux parents incompétents de mettre des enfants au monde ? Certains avanceront le contre-argument selon lequel une femme peut toujours placer son enfant en adoption, au lieu de se faire avorter. Oublient-ils qu’un certain pourcentage de ces enfants ne se feront jamais adoptés ? Oublient-ils que pour de nombreux enfants, le fait de se sentir abandonnés aura des conséquences psychologiques néfastes ? Placer un bébé en adoption n’est pas la solution à l’avortement. La vérité est que l’argument du droit à la vie est utilisé afin de cacher les réels enjeux du problème de l’avortement. Il ne s’agit point ici d’un débat autour du droit des enfants, mais plutôt d’un combat mené par une droite conservatrice et patriarcale qui désire replacer la femme dans son rôle de « poule pondeuse » à la merci des hommes, de confiner sa sexualité à la fonction de reproduction, alors que la liberté sexuelle n’est jamais remise en question lorsqu’il s’agit des hommes. Il est urgent de faire entendre notre voix. Ni l’État ni les hommes ne sont propriétaires du corps des femmes. Au nom du droit des femmes à être maîtres de leur propre corps et de leur destinée, mais aussi au nom du droit des enfants à être désirés et aimés, je tiens à rappeler au gouvernement que les Canadiennes n’ont pas l’intention de supporter une loi qui pourrait éventuellement mener à une re-criminalisation de l’avortement. Milaine Alarie, Mis en ligne sur Sisyphe, le 15 mai 2008 Commenter ce texte © Sisyphe 2002-2014 | ||||
DE CETTE RUBRIQUE jeudi 7 mars Lancement du livre "L’intelligence artificielle, pas sans elles !" lundi 24 septembre PDF québec - Communiqué international pour l’interdiction mondiale du ventre à louer mardi 11 septembre PDF Québec - La prudence s’impose concernant le recours aux mères porteuses lundi 5 mars Laboratoire de l’Égalité - "Femmes et santé, encore une affaire d’hommes ?" vendredi 30 juin Collectif "Avortement en Europe, les femmes décident ! " - Décès de Simone Veil lundi 27 mars Conseil des Femmes Francophones de Belgique - Mobilisation pour le droit à l’avortement le 29 mars dimanche 26 mars Brochure de PDF Québec - "L’enfantement pour autrui, esclavage des temps modernes" lundi 6 mars 8 mars 2017 - Lancement d’une brochure de PDF sur l’enfantement pour autrui mardi 13 septembre Webinaire de PDF Québec - L’enfantement pour autrui : du désir d’enfant au blanchiment d’enfant dimanche 31 juillet PDF Québec - Le recours aux mères porteuses débattu le 10 août au Forum mondial 2016 |
http://sisyphe.org | Archives | Plan du site | Copyright Sisyphe 2002-2016 | |Page d'accueil |Admin |