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vendredi 13 juin 2008 Le pouvoir de la pitoune, par Lise Payette
Hillary Clinton n’est pas une pitoune. Dans son pays, où on fabrique de la pitoune à la chaîne pour les besoins de la publicité, du cinéma, de la télévision ou carrément de la pornographie, on a trouvé le moyen de dire qu’Hillary Clinton faisait trop « matante » pour penser séduire l’électorat américain. Trop vieille, trop criarde, trop guindée, trop propre, trop « straight », trop hypocrite, trop ambitieuse et trop dévoreuse. On a préféré la tasser en faveur d’un homme plus jeune qui n’a, bien sûr, aucun des défauts précités et qui, malgré le fait qu’il soit sans expérience, est plus rassurant que la première. Il s’en est même trouvé pour dire qu’elle n’avait pas de coeur parce qu’elle a réussi à livrer son dernier discours sans pleurer et avec le sourire. Imaginez ce qu’on aurait dit si elle avait pleuré. Out Hillary ! On avait fait la même chose il y a peu de temps avec Ségolène Royal en France. On a dit d’elle qu’elle était trop ambitieuse, prétentieuse, trop maîtresse d’école. On a dit qu’elle n’avait pas de coeur parce qu’elle restait digne devant les attaques. Out Ségolène ! Pauline Marois a bien failli disparaître de la même façon. Ses foulards, qu’elle ne portait pourtant pas sur la tête, elle, sont devenus une véritable obsession. Une femme avec des foulards et des bijoux allait-elle pouvoir diriger le Québec ? On y a pensé sérieusement. Elle avait, elle aussi, trop d’expérience, elle n’était pas née de la dernière pluie, on commençait à voir poindre quelques petites rides sur son visage et elle faisait « grande bourgeoise » un peu snob. On a préféré la tasser en faveur d’un homme plus jeune en qui on a vu l’espoir d’un avenir meilleur. Out Pauline ! Tasser les femmes, mode d’emploi On le voit, l’exemple vient de haut. Bien sûr, Pauline Marois est revenue comme chef de son parti, mais la dernière étape qu’il lui faudra franchir avant de s’asseoir dans le fauteuil de première ministre sera des plus exigeantes et difficiles. Elle le sait. Les femmes se font des illusions en pensant qu’elles sont sur un pied d’égalité avec les hommes par rapport au pouvoir. Le plafond de verre existe toujours et selon les secteurs où on se trouve, il peut même être devenu de plus en plus épais. En politique, les exemples qui précèdent le montrent bien. – Lire la suite dans l’édition du vendredi 13 juin 2008, du Devoir. Mis en ligne sur Sisyphe, le 13 juin 2008 Commenter ce texte © Sisyphe 2002-2014 | ||||
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