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lundi 22 mars 2004
Crimes soporifiques, par Élise Thiébaut

Quatre baffes pour s’endormir : Bertrant Cantat a découvert la panacée idéale pour vaincre l’insomnie.

Surtout, n’ébruitez pas la nouvelle, les fabriquants de somnifères y trouveraient la ruine. Mais interrogez-vous dans le secret de votre cœur, et répondez-moi. Pourquoi avez-vous cru, pourquoi avons-nous cru ce que disait le maître chanteur de nos plus Noirs Désirs, lorsqu’il affirmait que Marie Trintignant s’étaient endormie après quelques gifles, peut-être un coup de poing, ou une chute sur le radiateur ?

Moi, j’essaie de m’imaginer en train de chercher le sommeil après une seule baffe. En dehors de la colère, de la révolte, du désespoir qui me tiendraient éveillée, je crois que la douleur me jetterait hors du sommeil aussi sûrement qu’elle a jeté Marie dans les bras de la mort.

Dormez-vous, bonnes gens, quand l’agresseur vous dit que tout va bien ?
Puissant et noir désir que celui de se soumettre, de baisser les yeux devant un homme grand, fort, plein de rage et de jalousie. Nous reculons, nous nous taisons, nous ne voulons pas l’énerver davantage. Et même si notre sœur, notre fille, notre amour ou notre enfant gît derrière cette ombre menaçante, nous nous disons, oui, il a raison, elle doit dormir. Même si c’est déraisonnable. Même si aucun d’entre nous ne s’est jamais endormi sous les coups.

La violence domestique participe d’un système de pouvoir qui veut faire de nous des esclaves. Et nous oublions trop souvent de dire ce qui nous révolte dans cette violence. Ce n’est pas seulement qu’elle fasse mal. Ce n’est pas qu’elle casse les nez, les bras, les crânes et les coeurs. C’est qu’elle nous brise à l’intérieur. Nous sommes devant toutes les violences des enfants dressés à nous soumettre ou à nous en remettre à une autorité supérieure, plus violente encore.

La loi du plus fort doit être combattue sur tous les fronts.

Non, les coups ne font pas dormir. Mais ils nous assomment. Ils nous somment. Ils nous tuent. Que cela jamais ne soit oublié. Pour Marie, qui a l’éternité en mémoire. Et pour toutes celles qui tombent chaque jour sous les coups d’un homme somnifère.

Élise Thiébaut est journaliste et éditrice de Clara Magazine


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