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jeudi 8 janvier 2009
Bye Bye 2008 - Qui ne dit mot consent

par Lucie Poirier

À l’attention de Madame Julie Miville-Dechêne
Ombudsman de la Société Radio-Canada
ombudsman@radio-canada.ca

Madame,

Lors de l’émission Bye Bye 2008 diffusée par la Société Radio-Canada, l’une des interprètes, Véronique Cloutier, a ridiculisé Madame Nathalie Simard, la victime de Guy Cloutier, reconnu coupable de pédophilie et le père de Véronique.

Dans ses propos Véronique Cloutier a remis en question la validité d’une dénonciation judiciaire dans le cas d’une agression sexuelle.

Madame Simard a fait preuve d’un courage exemplaire en dénonçant Guy Cloutier, l’agresseur qui a abusé d’elle.

Elle est un modèle pour les victimes voulant mettre des limites aux abuseurs, attaquer sa démarche et sa personne discrédite les efforts pour inciter les victimes à entreprendre ou à continuer une démarche libératrice.

L’influence de Madame Simard a été bénéfique et il serait grave qu’elle cesse. Parler, c’est utiliser des moyens pacifiques pour interrompre de la violence.

L’argent des contribuables a servi à humilier publiquement la victime de Guy Cloutier et cette humiliation a été faite par la fille de l’agresseur, ce qui ressemble à une vindicte personnelle. On n’a pas ciblé le coupable mais la victime dénonciatrice.

Lorsque Gilles Proulx a attaqué verbalement la victime d’une agression sexuelle, il a perdu ses emplois et le poste de télévision TQS a fait des excuses publiques. Pourquoi serait-ce différent dans le cas de la Société Radio-Canada ?

Le gouvernement fédéral a beaucoup coupé le financement de programmes sociaux. L’argent utilisé pour le Bye Bye aurait aidé plusieurs victimes, il aurait été mieux employé que lorsqu’il a servi à évoquer les flatulences de la victime.

« Qui ne dit mot consent ». Je ne veux pas rester silencieuse, je contribuerais ainsi à un cautionnement de la diffamation.

Une société qui aide ses membres victimes, démunis, opprimés, qui encourage les messages incitatifs à la cessation des abus, qui fait la promotion de la nécessité de parler pour briser le cycle de la violence, est une société qui évolue. Il nous reste encore beaucoup à faire. Et ce, dès maintenant.

Lucie Poirier M.A.
poétesse et journaliste

Mis en ligne sur Sisyphe, le 8 janvier 2009


Parler pour réparer

Depuis la parution de cette brève, Véronique Cloutier a donné une conférence de presse lors de laquelle elle a précisé que la comédienne ayant personnifié Nathalie Simard était Guylaine Guay.

Elle a aussi ajouté :

« J’aurais jamais osé faire un Bye Bye il y a quelques années alors qu’on était au pire de la crise, alors que Nathalie Simard réussissait enfin à sortir de son drame, à se libérer de son secret, à dénoncer son agresseur, il n’y a rien de drôle là-dedans. Et c’est une démarche que j’ai appuyée à l’époque publiquement, je l’appuie encore aujourd’hui et je vais l’appuyer jusqu’à la fin de mes jours. Dénoncer son agresseur c’est la bonne chose à faire. (…) Je m’en excuse à tous ceux que j’ai déçus ou offensés et je m’en excuse aussi à Nathalie Simard. (…) Nathalie Simard a fait ce qu’il fallait qu’elle fasse, elle a dénoncé son agresseur. Et c’était la bonne chose à faire. Je l’ai appuyée, je l’appuie encore. »

Parler est un signe d’évolution dans l’histoire de l’humanité. Vous pouvez lire mon paragraphe Dire pour guérir sur l’évolution du langage dans mon article
La dépression au-delà des préjugés
, sur Sisyphe.

Pour la Société Radio-Canada, réparer les torts causés à la crédibilité du processus psychologique et du recours judiciaire que représente la dénonciation par une victime pourrait se concrétiser par la diffusion sur ses ondes d’un message constitué des propos tenus par Véronique Cloutier. Toutes les parties concernées seraient impliquées dans la démarche réparatrice. Les ressources pour les victimes ne bénéficient guère de gros budgets et de grands moyens médiatiques, leur offrir une visibilité serait positif.

« L’erreur est humaine » et la honte est un facteur de changement. Agir pour réparer des torts signifie le regret et peut mener à l’amélioration de situations pour lesquelles il reste des faits à changer, des valeurs à rajuster, des mentalités à bonifier. Pour tout le monde, les victimes surtout, il importe d’être capable d’aller de l’avant.

Lucie Poirier M.A.
poétesse et journaliste

Mis en ligne sur Sisyphe, le 9 janvier 2009



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