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octobre 2004
Le mariage des personnes homosexuelles, une nécessaire évolution, par François Perrot

Les arrières-pensées électoralistes qui justifieraient les prises de position de certains de nos élu-es sur le mariage des homosexuel-les ne doivent pas occulter le fait qu’un débat sur le mariage des homosexuel-les est indispensable.

Cette question a un rapport étroit avec le regard que la société porte sur chacun des sexes biologiques. Or, il est évident que celui-ci est en total décalage avec la réalité et ne tient nullement compte des évolutions sociétales qui sont en cours depuis de nombreuses années.

Ceux qui s’opposent au mariage des homosexuel-les, avancent comme argument, qu’ils considèrent comme imparable, que son acceptation entraînerait rapidement la demande d’adoption d’enfants par ces mêmes couples homosexuel-les. Ils sous-entendent ainsi que cette revendication est dangereuse et illégitime, l’éducation d’un enfant nécessitant la présence d’un homme et d’une femme, les qualités de chacun des sexes étant complémentaires.

S’il est plus que probable que l’acceptation du mariage pour les homosexuel-les aurait pour conséquence de rendre la question de l’adoption plus aiguë, il ne faut pas pour autant confondre ces demandes. Une telle confusion induit que les couples mariés ont l’obligation d’avoir des enfants. Si tel était le cas, cela mettrait les couples mariés qui ne peuvent pas avoir d’enfants ou ne souhaitent pas en avoir dans l’illégalité. Seul un régime dictatorial peut obliger un couple à avoir ou à ne pas avoir d’enfant.

Il est vrai qu’un enfant a besoin pour devenir adulte, comme l’a démontré la psychanalyse, à la fois de règles et d’affection. Or, chacun, quel que soit son sexe, est à même de lui donner les deux en fonction de sa propre personnalité. Et si un enfant ne trouve pas au sein de sa famille tout ce qui nécessite sa structuration, il peut le trouver ailleurs. Dans les faits, les enfants sont éduqués - il en a été d’ailleurs de tout temps ainsi - par la famille au sens large (grands-parents, oncles, tantes, etc.) et par la société tout entière.

Sauf à vouloir à tout prix que la société reste patriarcale et ne dépasse pas dialectiquement ses déterminismes biologiques et culturels, il n’y a pas de raison pour que la transmission de la Loi (interdit de l’inceste et du meurtre) ne puisse pas passer par les femmes, et que les hommes soient exclus de l’expression de leur sensibilité. Les faits démontrent que la fonction attribuée à chacun des sexes ne repose plus que sur des considérations dogmatiques.

Le fait que la République en tant qu’institution n’accepte pas de marier des couples homosexuel(le)s pose deux questions essentielles qui ne peuvent qu’interpeller les républicains : celui de la neutralité devant l’orientation sexuelle des citoyen(ne)s et le respect du principe républicain d’égalité. Les citoyennes et les citoyens attachés aux valeurs républicaines doivent s’interroger sur l’application des principes dont ils sont les garants pour déterminer si ceux-ci ne sont pas remis en cause par des pratiques achaïques qui ne sont pas inscrites dans le marbre mais modifiables. L’attachement à la République se nourrit de la réflexion éthique.

Lors du débat sur le Pacte civil de solidarité (PACS), le débat politique pollué par des considérations politiciennes l’a emporté sur le débat éthique. Une loi a été votée et celle-ci malgré ses imperfections a constitué un progrès. Le débat a été incontestablement insuffisant et c’est la raison pour laquelle la question du droit au mariage des homosexuel-les resurgit. Il serait salutaire que cette fois-ci un véritable débat soit mené et que celui-ci ne fasse pas l’économie d’une véritable réflexion éthique.

Ce débat n’est réalisable que s’il est admis que de même qu’en science, il n’y a pas de progrès possible sans une remise en cause théorique, il n’y a pas d’évolution de la société possible si celle-ci n’accepte pas de débattre et de remettre en cause ce qui est considéré par celle-ci comme évident. C’est d’ailleurs l’objet de la réflexion éthique.

Il serait sans aucun doute dommageable pour toute la société que celle-ci, angoissée par la peur de l’innovation éthique, s’arrête en chemin.

François Perrot

Merci à l’auteur de nous avoir proposé ce texte. L’auteur est militant associatif, humaniste, responsable du site "Lutte Contre l’Obscurantisme".

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Mis en ligne sur Sisyphe, 4 octobre 2004


VOIR EN LIGNE : Lutte Contre l’Obscurantisme


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