Message de M. Hoïchiro Matsuura, directeur général de l’UNESCO, à l’occasion de la journée des Droits de l’Homme, 10 dcembre 2004

Il y a plus de 50 ans, lorsqu’elle a adopté la Déclaration universelle des
droits de l’homme (1948), l’Assemblée générale des Nations Unies a
recommandé aux gouvernements des Etats membres "de faire en sorte que le
texte en soit distribué, affiché, lu et commenté principalement dans les
écoles et autres établissements d’enseignement". D’emblée donc, le recours
aux processus éducatifs pour faire connaître la Déclaration a fait partie
intégrante de sa diffusion générale aux fins de l’affermissement de la
paix mondiale. Il y a lieu de noter que si le Secrétaire général de
l’Organisation des Nations Unies, les institutions spécialisées et les
organisations non gouvernementales ont été invités à diffuser la
Déclaration aussi largement que possible, ce sont les gouvernements
nationaux qui se sont vus attribuer la responsabilité première à cet
égard.

Depuis lors, l’éducation aux droits de l’homme a considérablement évolué
et n’est certainement plus axée sur la diffusion d’un texte en
particulier, même si la Déclaration demeure l’un de ceux qui en
constituent le fondement. Des progrès importants ont été enregistrés au
cours des dernières années dans le cadre de la Décennie des Nations Unies
pour l’éducation dans le domaine des droits de l’homme (1995-2004), mais
il reste beaucoup à faire. Si certains pays se sont dotés de programmes
éducatifs favorisant la connaissance et le respect des droits de l’homme,
ailleurs l’éducation aux droits de l’homme des enfants, des jeunes et de
la population dans son ensemble demande à être considérablement renforcée.

C’est pour appeler l’attention sur ce fait que l’UNESCO et le Haut
Commissariat aux droits de l’homme (HCR) consacrent leurs efforts en cette
Journée des droits de l’homme 2004 à l’éducation dans ce domaine. Ce même
jour, l’Assemblée générale des Nations Unies tient une session plénière
extraordinaire ayant pour thème l’éducation aux droits de l’homme afin de
marquer la fin de la Décennie et de réfléchir aux moyens de progresser
plus avant. Étant donné qu’un cadre international de coopération et
d’action peut constituer un utile soutien aux efforts nationaux, il sera
proposé au cours de cette session que soit annoncé le lancement, le 1er
janvier 2005, d’un Programme mondial pour l’éducation aux droits de
l’homme. Pendant sa première phase (2005-2007), ce Programme mondial
encouragerait l’intégration et la mise en oeuvre d’une éducation aux
droits de l’homme dans le cycle primaire et secondaire des systèmes
scolaires nationaux. C’est là un domaine qui intéresse et touche de près
l’UNESCO.

Dans la perspective de l’UNESCO, l’éducation aux droits de l’homme est
importante non seulement pour la promotion et la protection de ces droits
mais également pour l’éducation elle-même. Elle devrait notamment être
considérée comme participant du contenu et de la finalité d’une éducation
de qualité pour tous (EPT) et s’inscrivant dans le cadre de la réalisation
du droit à l’éducation. Tous les droits de l’homme - civils, culturels,
économiques, politiques et sociaux - sont indissociables, intimement liés
et interdépendants. Convaincue que tous les droits de l’homme sont
également importants pour garantir une vie décente à tous les individus,
l’UNESCO considère que le droit à l’éducation est fondamental parce qu’il
est la clé de tous les autres. Sans l’éducation - une éducation de qualité
– les possibilités qui s’offrent aux individus d’améliorer leurs
conditions de vie sont extrêmement limitées.

Le respect des droits de l’homme - de tous les hommes - devrait
systématiquement faire partie intégrante des valeurs acquises non
seulement à l’école mais aussi grâce à une série d’expériences éducatives
tout au long de la vie. Au-delà de la connaissance par chacun de ses
propres droits et de ceux d’autrui, l’éducation aux droits de l’homme a
pour but de faire comprendre que les droits de l’homme sont une
responsabilité partagée et qu’elle a des conséquences pratiques sur la
façon dont nous vivons ensemble. Et les seuls livres ou le simple contenu
des programmes d’études ne peuvent, je voudrais le souligner, assurer cet
apprentissage, qui doit aussi découler des processus éducatifs, des
méthodes pédagogiques et du contexte éducatif dans lequel il s’inscrit.
Autrement dit, ce doit être un apprentissage par la pratique.

Ce dont il s’agit en définitive, c’est de faire en sorte que, grâce à
l’éducation aux droits de l’homme, les êtres humains acquièrent non
seulement des connaissances mais aussi les compétences et la capacité de
les appliquer, adhèrent à des valeurs et adoptent des attitudes et des
comportements respectueux des droits de l’homme mais soient également
prêts à agir pour les défendre et les promouvoir, qu’ils apprennent ce que
sont les droits de l’homme en les pratiquant.

Qu’en cette Journée des droits de l’homme 2004, notre réflexion sur le
thème de l’éducation aux droits de l’homme soit pour nous l’occasion de
redoubler d’efforts pour promouvoir, selon les termes de la Déclaration
universelle des droits de l’homme, "la reconnaissance et l’application
universelles des droits de l’homme et des libertés fondamentales".
L’édification d’une culture universelle des droits de l’homme est loin
d’être achevée, mais la Déclaration indique la voie à suivre pour y
parvenir en proclamant qu’il importe que "tous les individus et tous les
organes de la société ... s’efforcent, par l’enseignement et l’éducation,
de développer le respect de ces droits et libertés". L’éducation aux
droits de l’homme est pour nous tous une obligation.

Transmis dans les différents réseaux avec encouragement à diffuser par La liste Trois-D de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse.

On peut s’abonner à cette liste à Site de l’UNESCO

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