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mercredi 18 mai 2005 Aménagement des horaires de travail des personnes séparées et résidence alternée
par Myriam Tonelotto, journaliste d’investigation et réalisatrice documentaire A l’attention de l’Honorable Edouard Courtial, député UMP, auteur de la proposition de LOI n° 2261 "relative à l’aménagement des horaires de travail des personnes séparées de leur conjoint dont les enfants sont en résidence alternée" (Site de l’Assemblée nationale). Monsieur le Député, Réalisatrice de documentaires pour la chaîne ARTE, je viens de terminer une enquête de deux ans sur les mouvements masculinistes et leur exploitation de la garde alternée pour maintenir sous contrôle leur ex-conjointe ou partenaire. Mais ce n’est pas là l’objet de mon courriel. Je viens de prendre connaissance de votre proposition de loi visant à rendre possible un aménagement des horaires professionnels des parents dont les enfants sont en garde alternée. Je trouve votre initiative très heureuse, bien que l’absence de dispositifs plus contraignants pour l’employeur menace, hors Fonction publique, de la reléguer au voeu pieux. Cependant, je me permets d’attirer votre attention sur deux points : a) vous citez dans votre proposition le chiffre de 80% de résidences "attribuées à la mère". C’est inexact. Il faudrait écrire : 80% des résidences "échouent" à la mère. En effet, les pères ne demandent hélas la garde de leurs enfants que dans moins de 15% des cas. Elle leur est alors attribuée dans plus 50% des cas. Si les mères divorcées se retrouvent massivement (80% !) à devoir gérer seules l’avenir, les soins et la charge de leurs enfants, ce n’est pas par choix. C’est par désintérêt, confort voir incapacité de certains pères qui, rappelons-le, rarement, avant divorce, assument à égalité leur rôle de parent. Nul doute toutefois que votre proposition de loi, qui n’intéresse pour l’heure que 10% de la population divorcée française, permettra à quelque pères supplémentaires d’assumer leur rôle éducatif dans le respect de leur enfant et de leur ancienne compagne, et je m’en félicite. b) Toutefois, si - ainsi que vous l’écrivez dans votre proposition de loi - c’est l’intérêt de l’enfant qui vous importe au travers de la disponibilité parentale à son égard, je me permets de vous alerter sur le fait que l’extrême urgence se trouve non pas du côté des 10% des parents en résidence alternée, mais bien des 80% de mères divorcées en situation de foyer monoparental. Or le gouvernement actuel, par une refonte du système d’allocations familiales, a privé de fait les mères seules de l’allocation de parent isolé, plongeant davantage encore leurs enfants dans la pauvreté et le manque de disponibilité parental. Il serait donc urgent, si vos visées sont réellement humanitaires et non électoralistes, ce dont je suis certaine : 1° de rétablir de toute urgence l’allocation parent isolé (13% des pères divorcés et 80% des mères divorcées sont concernés) En conclusion, bravo pour votre proposition de loi, mais n’en faites pas un camouflet pour ces 90% des parents qui élèvent seuls, eux, leurs enfants. Pas de deux poids deux mesures. Aidez les 10% de parents divorcés qui ont la chance de pouvoir organiser une résidence alternée (si elle est librement consentie et non le fruit de la menace de violence conjugale comme trop souvent), mais aidez aussi les 90% autres, à savoir les parents isolés. Respecter les besoins des minorités est important. Répondre à ceux de la majorité, essentiel. Confiante dans votre haut sens du service aux citoyens, seul objet de votre mandat électoral, je vous prie d’agréer, Monsieur le Député, l’expression de mes cordiales salutations. Commenter ce texte © Sisyphe 2002-2014 | ||||
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