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lundi 13 mars 2006
Discours masculiniste : on en est encore là !

par Lucie Poirier

Le mercredi 8 mars 2006, au Centre Lajeunesse à Montréal, s’est tenu un atelier intitulé : « Déconstruire le discours masculiniste » avec Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déry en présence d’une trentaine de personnes dont des représentants du groupe Fathers 4 Justice alors que l’un d’eux arborait son gaminet « Papa t’aime ».

À nouveau, par la mise en évidence des propos tenus par les masculinistes, il appert que leur discours irréaliste vise surtout à blâmer les féministes en prétendant qu’elles dominent ; assertion plutôt étonnante alors qu’il n’y a que 30,4 % de femmes en politique, 6,5 % de femmes à la cour en tant que juges et qu’elles ne sont ni en majorité ni dans des postes de direction dans les médias, les universités, l’armée et qu’elles ne gagnent toujours que 70 cents quand un homme gagne 1 dollar.

Malgré des bases en contradiction avec des faits, leur discours a beaucoup d’impact, d’écho et d’alliés officiels dans des sphères de prestige et d’influence. Ainsi, Yvon Dallaire psychologue masculiniste a trouvé un éditeur pour son livre et a tenu un colloque dans une université. Aussi, Radio-Canada, bastion inexpugnable de la misogynie, s’empresse de diffuser, pour ne pas dire publiciser, toutes les excentricités perpétrées par le groupe des Fathers 4 Justice.

Ce groupe qui a des partisans en France, en Allemagne, en Angleterre, utilise des moyens qu’il importe d’observer : ils se déguisent, ils s’identifient à des personnages irréels, surdimensionnés, des superhéros donc des êtres de fiction, ils se prétendent autres alors que depuis des siècles les femmes se démènent pour être reconnues comme des êtres humains. Des hommes se camouflent alors que des femmes aspirent à se révéler, à se dévoiler.

Des hommes se font remarquer, ont du temps d’antenne, des premières pages dans les journaux en contrevenant à la loi, en perpétrant des gestes d’éclats pendant que des femmes revendiquent en respectant les lois, en faisant appel aux instances décisionnelles de la justice et de la politique sans constater de résultats.

On prend plus au sérieux des bouffons avec leurs costumes et leurs actes illégaux que des femmes qui rédigent des mémoires, réclament des projets de lois, présentent des rapports de recherches, organisent des manifestations légales, des marches jusqu’au parlement.

Au delà des « m’as-tu vu » qui semblent farfelus persiste une réelle menace de remise en question des acquis. Des masculinistes nient les situations de violence conjugale et d’abus infligés aux enfants. Il en est même pour réclamer que soit aboli le droit au divorce pour les femmes ; ce droit gagné par elles, elles ne devraient plus l’exercer. Leur idéal est la toute-puissance de l’homme et la toute dépendance de la femme.

On dit souvent que la violence psychologique est plus grave que la violence physique ; avec leurs discours et leur influence sur la mentalité, en échauffant les esprits et en voulant changer des lois, des masculinistes ont des armes redoutables.

Or, leurs éclats dissimulent une difficulté à gérer leur colère et leur désarroi devant la perte de leurs privilèges ; combattre leur femme est plus facile qu’interpeller les institutions, les publicistes, les lobbyistes, les gouvernements qui entretiennent les stéréotypes qui les influencent et les empêchent d’accepter l’évolution des femmes, dans leur panique ils se vengent sur elle en prétextant s’intéresser à leurs enfants.

Ils prônent un énorme retour en arrière à des conditions de vie qui ont pourtant prouvé leur effet déplorable et parfois même leur aboutissement fatal.

Alors que l’on espère toujours plus de femmes avec une vision féministe dans les médias, au parlement, dans les couples, dans les hôpitaux, dans les familles, dans les écoles…l’atelier s’est déplorablement terminé par la preuve qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir et que la violence reste toujours le recours de l’homme démuni devant une femme qu’il ne contrôle pas ; en effet, ça commençait à devenir dangereux, à la fin, un homme a crié à une femme : « Ta gueule ».

Mis en ligne sur Sisyphe, le 10 mars 2006.



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