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jeudi 20 juillet 2006
La banalisation du marchandage sexuel, par Stéphanie LeBlanc

On assiste depuis quelques années à une banalisation de la prostitution. La jeune femme faisant commerce du sexe n’est plus automatiquement la victime d’abus sexuels issue d’un milieu pauvre et dysfonctionnel et qui se prostitue pour payer sa drogue... Des femmes instruites, des étudiantes parfois, se prostituent, travaillant à leur compte. Le client, c’est monsieur tout-le-monde. On assiste à la même banalisation de la danse nue.

Des événements tels que le Grand Prix de formule 1 ou la Coupe du Monde de soccer, fortement associés au tourisme sexuel, ont amené certains médias à présenter la prostitution comme un métier "normal" et la prostituée comme une femme d’affaire autonome et presque "libérée".

Personnellement, même si je trouve préférable que les danseuses nues et les femmes s’adonnant au commerce du sexe "travaillent" dans les meilleures conditions possibles et ne soient pas marginalisées, je crois que la banalisation de ce genre d’activités finit par déteindre sur la société en général et habitue tranquillement les hommes à l’idée que toute femme a un prix.

Certain-es adolescent-es considèrent qu’une fille invitée au restaurant par un garçon doit absolument coucher avec lui. Des femmes se font importuner au coins des rues par des automobilistes qui leur proposent de l’argent contre des faveurs sexuelles, d’autres se font harceler sexuellement à leur travail. Des serveuses et des agentes de bord subissent des atouchements sexuels de la part de clients.

Des danseuse "à 10$" subissent des atouchements à l’entre-jambes ou se font demander des fellations ou des relations complètes, même si le règlement l’interdit. Des hommes sont prêts à payer une prostituée plus cher pour une relation non-protégée, certains d’entre eux commettent même des agressions sexuelles. Il arrive même que des agresseurs sexuels jettent une poignée de billets à leur victime en se disant que, puisqu’ils ont payé, ce n’est pas une agression...

Toutes ces manifestations de misogynie, à petite ou grande échelle ont en commun la croyance qui veut qu’un homme qui paie acquiert un droit de propriété sur une femme et peut en faire ce qu’il désire.

L’argent ne devrait rien avoir à faire avec la sexualité. Il fausse les rapports hommes-femmes qui devraient être égalitaires et respectueux, pour en faire des rapports acheteur-marchandise et non acheteur-vendeur comme on le croit souvent. Un homme qui "achète" ou "loue" une femme ne la voit pas comme il voit son garagiste. Il la voit comme un objet. Il ne réserve d’alleurs souvent pas son mépris aux femmes qui font commerce du sexe, il les méprise toutes. C’est pourquoi toute femme aujourd’hui est succeptible d’être un jour confrontée à une situation où elle aura à défendre son droit d’être traitée en être humain.

Où s’arrêtera cette banalisation du marchandage sexuel ? Attendrons-nous pour réagir que nos filles se laissent convaincre d’adopter certaines pratiques sexuelles en échange de cadeaux ou d’argent ? Que des étudiantes affichent leurs tarifs sur leurs casiers ? Qu’un homme à qui l’on dit qu’on veut attendre avant d’avoir des rapports sexuels avec lui croie qu’il lui suffit de sortir une liasse de billets pour nous faire changer d’avis ? Verra-t-on le jour où il n’y aura plus de différence entre relations sexuelles et prostitution ?

Il y a des choses qui ne devraient pas avoir de prix. La dignité, l’intégrité, le respect de soi et de l’autre, éléments essentiels, selon moi, à une bonne estime de soi et à une sexualité saine. Il y a des choses qui devraient demeurer sacrées.



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> La banalisation du marchandage sexuel, par Stéphanie LeBlanc
5 juillet 2006, par Marie-Françoise Taggart, auteure
rapports Hommes-Femmes
29 juin 2006, par Franck



> La banalisation du marchandage sexuel, par Stéphanie LeBlanc
5 juillet 2006, par Marie-Françoise Taggart, auteure   [retour au début des forums]

Vous dites :
"L’argent ne devrait rien avoir à faire avec la sexualité. Il fausse les rapports hommes-femmes qui devraient être égalitaires et respectueux..."

Mais notre société étant basée sur l’argent, on ne peut pas l’ignorer dans les rapports hommes-femmes.
Ne devrions pas commencer par nous battre pour l’équité salariale, un système de garderie réaliste et efficace, la reconnaissance (financière) du travail domestique, l’accès des femmes aux postes de pouvoir ? Comment voulez-vous que nous les femmes acquérons un sens de dignité quand, partout tout autour, c’est le message contraire que l’on nous renvoie ? Les maigres mesures sociales actuelles s’étiolant, les conditions de plus en plus exigeantes du marché du travail, le choix cruel auquel sont soumises toutes les travailleuses qui deviennent mères et autres conditions irrespectueuses ne permettent pas aux femmes de se sentir en confiance face à l’avenir, du moins assez pour croire à un monde "égalitaire" et "respectueux"...

Depuis les années 1960, on a élevé des générations de femmes à être libérées, instruites, hautement spécialisées même, on leur a fait croire qu’elles avaient un certain poids, un poids égal à leurs confrères... mais elles découvrent en arrivant à l’âge adulte que ce n’était pas le cas. Pouvoir, liberté et indépendance passent par l’argent, et plus particulièrement la capacité d’en gagner. Or les conditions déjà difficiles sont rendues encore plus difficiles pour elles parce qu’elles n’ont pas, dans leur pays riche, le soutien social adéquat. La violence faite aux femmes, le second shift lorsqu’elles rentrent à la maison, l’aliénation par rapport à leur corps et la difficulté de conjuguer carrière et maternité sont toujours des sujets tabous. Le message qui est envoyé à la population féminine est : ici, vous ne pouvez compter que sur vous-mêmes.

Comprenez-moi bien : je suis d’accord avec ce que vous dites, c’est le bon sens qui parle, en principe... dans un monde d’égalité. Ce que vous décriez-là, c’est l’aliénation des femmes. C’est une réponse désespérée (=de désespoir) à une condition où il ne semble pas y avoir d’espoir, justement. Ce n’est pas une question de valeurs morales de la part des jeunes femmes qui se prostituent, c’est une question de valeurs morales de ceux qui font les lois et qui les appliquent.

Ce qui a une portée quelconque se traduit en chiffres et dollars ; or la sexualité est un domaine où la femme peut facilement avoir l’illusion du pouvoir.

Pouvoir qui, aussi séduisant puisse-t-il paraître, n’est pas réel. Et en plus la commercialisation de la sexualité ne fait qu’affaiblir la position de l’ensemble des femmes. Il contribue à créer une mentalité de compétition, de chacun pour soi, finalement, d’isolement des femmes les unes par rapport aux autres.

L’émergence de la banalisation du marchandage sexuel et de la pornographie, c’est d’abord symptomatique d’une société où une partie de la population est aliénée. Seulement la source de cette aliénation, ce n’est pas dans les bordels qu’il faut la chercher, mais dans les cabinets des ministres où sont décidées les lois et les mesures sociales, dans les bureaux des entreprises où elles sont appliquées.

[Répondre à ce message]

    L’un n’empêche pas l’autre
    5 juillet 2006, par
    Sabrina Tanguay   [retour au début des forums]


    « Ne devrions pas commencer par nous battre pour l’équité salariale, un système de garderie réaliste et efficace, la reconnaissance (financière) du travail domestique, l’accès des femmes aux postes de pouvoir ? Comment voulez-vous que nous les femmes acquérons un sens de dignité quand, partout tout autour, c’est le message contraire que l’on nous renvoie ? »

    Mais nous faisons déjà tout cela !!! En plus, dénonçons la marchandisation de la sexualité et de l’être humain ! Il faut lutter sur tous les fronts.

    [Répondre à ce message]

      Diable ! pas seulement l’équité salariale
      3 septembre 2006, par
      corino   [retour au début des forums]


      Le relèvement de TOUS les bas salaires et du RMI.

      Les gens qui peuvent vivre (avoir du temps et un peu d’argent en plus pour se faire plaisir) ne pensent pas à se prostituer.

      À part quelques jeunes qui le font pour protester contre leur milieu (comme ce fut le cas pour la renommée Grisélidis) la majorité écrasante des prostitués se prostituent parce que le travail qu’ils font est TRÈS mal rémunéré, situé loin de chez eux, et que leur salaire leur permet juste de se nourrir, de payer leur loyer et leur transport et de retourner à un boulot où ils risquent d’être virés, où on les surveille, où ils n’ont pas le droit de parler, etc. C’est ça qu’ils ont comme avenir et quand on a 20 ans, c’est dur à accepter.

      Ou bien ils n’ont pas de boulot.

      Ou bien, comme c’est le cas aujourd’hui d’une masse de prostitué-es de l’Est, d’Afrique ou d’Asie, parce qu’ils sont trompés et menacés.

      [Répondre à ce message]

    leurre conceptuel millenaire
    11 juillet 2006, par
    terpsychorée   [retour au début des forums]


    s’il n’y avait jamis eu :

    ni insatisfaction

    ni manque de confiance en soi

    ni probleme de communication

    ni code de la famille obligeant a un puritanisme accentué, meme pour les jeunes qui apprenneent a accepter leur corps et canaliser leurs variations hormonales et énergies

    ni prix pour les unions humaines

    il n’y aurait sans doute jamais eu de prostitution..

    la banalisation de la prostitution est malheureusement millenaire

    et repose sur le principe qu’il vaut mieux assouvier les déséquilibre énergétiques des hommes plutot que de les laisser s’adonner a la violence, faute d’activité dite"physique"

    l’argent a toujours étét le prétexte mais ce n’est

    ni le probleme de fond

    ni la réelle raison pour laquelle les femmes se sont toujours sentie comme "contrainte" de le faire

    l’argent , serait en fait comme un bonus, qui reconnaitrait en valeur publiquement reconnue la qualité de cette initiative poacificatrice

    IL FAUT QUE CELA CESSE...

    [Répondre à ce message]

rapports Hommes-Femmes
29 juin 2006, par Franck   [retour au début des forums]

>>L’argent ne devrait rien avoir à faire avec la sexualité. Il fausse les rapports hommes-femmes qui devraient être égalitaires et respectueux

Les rapports Hommes-Femmes ne sont pas égalitaires car la demande sexuelle masculine est beaucoup plus forte que l’offre féminine .
C’est ce déséquilibre qui permet la prostitution .

[Répondre à ce message]

    Sources
    29 juin 2006, par
    Manon   [retour au début des forums]


    Sur quoi s’appuient vos affirmations ? Que connaissez-vous à la sexualité des femmes et à celle des autres hommes ?

    [Répondre à ce message]

      > A la source
      30 juin 2006, par
      franck   [retour au début des forums]


      Mes affirmations s’appuient sur mon expérience personnelle et sur des faits .
      Je connais la sexualité des deux sexes car je suis bisexuel .
      J’ai pu ainsi observer qu’il est très facile d’avoir des relations sexuelles avec des hommes car il existe des milliers d’endroits de rencontres
      homosexuelles .
      Ces endroits sont publics et n’ont pas d’équivalents hétérosexuels(ou très peu comparé à la pléthore homosexuelle masculine) .

      De plus 99% des consommateurs de pornographie sont des hommes .
      99% des clients de la prostitution sont des hommes .
      99% des criminels sexuels sont des hommes .

      Chez l’homme éjaculation=orgasme .
      Chez la femme la venue de l’orgasme est moins évidente, il nécessite de nombreux pré-requis(mise en scène, préliminaires, sentiments, caresses...) .

      Comprendre les causes de la prostitution est essentiel si l’on veut lutter contre ses effets négatifs => esclavage, prostitution de
      mineur(e)s, proxénétisme...etc...

      [Répondre à ce message]

        Femmes et sexualité
        19 juillet 2006, par
        Rhéa Jean   [retour au début des forums]


        Frank,

        ce que vous véhiculez relève du cliché et du sexisme. Vous confondez le COMPORTEMENT sexuel de certaines femmes avec leur BESOIN sexuel. Ce sont pourtant deux notions différentes. Que des femmes puissent avoir des problèmes sexuels ou être inhibées sexuellement peut se comprendre : elles vivent dans un monde qui ne cesse de les traiter en objets sexuels pour des hommes. Personne n’a envie d’être un objet, mais tout individu est sexuel, peut importe le sexe.

        Chaque fois que j’entends des gens dire que les femmes sont essentiellement ou naturellement moins sexuelles que les hommes, ça me fait penser à l’époque où on disait que les femmes étaient moins intelligentes que les hommes. Or, on sait maintenant que c’est faux et qu’on empêchait les femmes d’étudier ou de démontrer leur intelligence (en politique, etc.). Je pense que la pression que l’on exerce sur les femmes au niveau sexuel (soit pour les empêcher d’avoir des rapports sexuels, soit pour les forcées à en avoir) a un impact sur leur sexualité. On enseigne encore aux femmes à être au service sexuel des hommes.

        Plus une société libère les femmes tout en combattant l’exploitation sexuelle, plus les femmes vivent une sexualité épanouie et, oui, active. D’ailleurs, les hommes et les femmes qui vivent une sexualité dans le respect ont tendance à trouver qu’il n’y a pas de différences fondamentales entre les deux sexualités.

        [Répondre à ce message]

          > Femmes et sexualité
          20 septembre 2006, par
          Franck   [retour au début des forums]


          Vous voulez dire que les différences que l’on constate sont induites par la société .
          Je prétend que les différences en besoins sexuels entre les hommes et les femmes sont d’ordre physiques et physiologiques .
          Cet état de fait permet d’ailleurs une reproduction optimale de la race .
          Ainsi les mâles se battent entre eux pour éliminer les plus faibles .
          Puis les vainqueurs tentent de séduire les femelles par tous les moyens possibles .
          Ainsi seuls les plus forts, plus rapides, plus puissants peuvent se reproduire .
          Si les besoins sexuels étaient égaux entre les sexes alors il y aurait équilibre et tous les hommes s’accouplerait avec toutes les femmes .
          Chez les homosexuels masculins, la demande sexuelle égale l’offre et on a bien une sexualité non bridée .

          [Répondre à ce message]

            > Femmes et sexualité
            23 septembre 2006, par
            Jamay   [retour au début des forums]


            Quelle généralisation insultante pour les hommes ! Ce n’est pas l’idéal de prendre en exemple "notre entourage" pour juger des différences sexuelles entre hommes et femmes. Les gens ont tendance à s’entourer de ceux qui les ressemblent et ceci ne peut constituer un échantillon valable ! Parlons sérieusement. Si l’on veut appuyer un argument selon un échantillon, il faudrait au moins que celui-ci soit crédible. Sinon, je peux affirmer le contraire en déclarant que tous les hommes avec qui j’ai eu une relation étaient des êtres sensibles aimant les préliminaires et le romantisme et que les besoins sexuels des hommes en général sont assez différents des miens en tant que femme (n’aimant pas trop le romantisme et les préliminaires...). Nos expériences personnelles ne démontrent rien d’autre que la tendance de nos relations et non celles des autres et de tout le monde en général...

            [Répondre à ce message]

    > rapports Hommes-Femmes
    30 juin 2006, par
    Romy   [retour au début des forums]


    Dans cette société, tout est normalisé, plus rien n’est "anormal", et le pays est devenu malade, tout le monde ressent ce mal être de la "relation affectiv", il faut revenir au vrai sens des valeurs :

    l’homme doit de nouveau apprendre à respecter sa compagne, l’aimer dans le sens pas que physique, mais la protéger, prendre soin d’elle etc...

    la femme ne comprend plus pourquoi, tous les hommes réagissent de manière largement "foutiste, c’est tu veux ou tu veux pas et...., cette débauche de liberté sexuelle fait que plus personne sait ou il en est, et s’étourdit dans le nbre d’aventures qui revalorisent que le fameux "EGO", et rien d’autre, tout va trop vite et tout porte au malheur de chacun, un pays en bonne santé est un pays fort, solide, qui va de l’avant, un pays ou la fondation familiale retrouve ces vraies valeurs, ou les hommes reprennent leur place dans la société en assumant leur rôle de leader, de mari, de père pour les enfants, messieurs, la balle est dans votre camp, encore faut-il vouloir la réceptionner correctement au plus grand bien des femmes qui auront retrouvé leur "prince charmant".

    Romy

    [Répondre à ce message]

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