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mardi 17 octobre 2006
Égalité - Le fil de la lame, par Ghislaine Fischer

Plus je vis et plus j’entends, plus je lis ce que vivent les femmes, et plus je suis convaincue qu’il ne faut rien attendre d’autrui, seule l’autonomie (au contraire de l’hétéronomie) est solution. NE PAS ATTENDRE QUE LES HOMMES AGISSENT DANS LE SENS D’UNE EGALITE. Si les esclaves avaient attendu, ils seraient toujours esclaves, la ségrégation légale des Noirs existerait toujours s’ils ne s’étaient pas battus contre, etc.... Le "vivre ensemble" se fait par "la force des choses", me semble-t-il. Je pense que l’harmonie ne peut être qu’à l’intérieur de soi-même et qu’avec l’extérieur la lutte est permanente pour préserver l’intérieur. Nous sommes condamné-es à vivre sur le "fil de la lame".

Les "mentalités" ne recherchent qu’une chose : l’apparente stabilité qui assure leur confort... au détriment, bien entendu, de celles qui dérangent ce confort.

L’intérieur et l’extérieur sont en interaction permanente... et il est effectivement vrai que nous demeurons sur le "fil de la lame", dans la tentative de protéger l’intérieur contre un extérieur qui oppose une pression constante...

Croire que "conscientiser" les hommes puisse nous être utile est une illusion : les hommes se servent de ces "découvertes" pour maintenir au mieux leur hiérarchie comme, par exemple, le fait de songer à ouvrir des écoles non-mixtes. Croire en cette illusion est un frein à notre avancée et amène à une confusion mentale par déception, incompréhension de la "cruauté".

Absence d’égalité et de liberté

L’évolution des "droits des femmes" me fait penser à l’évolution des règlements, d’abord de ceux destinés aux esclaves, puis aux colonisé-es où on est passé du "code nègre" au "code de l"indigéna"...jusqu’à ce que de réels combats mènent à l’abolition de l’esclavagisme, à l’indépendance des pays. Avant les combats qui mettent un terme définitif à la ségrégation "légale", on était dans la "négociation", la "concertation", et les colonisé-es et esclaves dans les négociations de l’époque devaient être considérés comme des emmerdeurs face à la stabilité représentée par le statu quo.

De fait, je ne crois pas possible que les femmes puissent obtenir des espaces de pouvoir puisque la société est un ensemble indivisible, tout comme le sont la liberté et la dignité d’un être humain. Soit les femmes sont reconnues en tant qu’êtres humains à part entière et peuvent, sans entrave, accéder à toute la société, à son organisation dans sa totalité, au même titre que tout être humain, citoyen, soit elles sont considérées comme moindres, inférieures et ne bénéficient que de quelques "entrées" donnant accès à l’organisation de la société, ce qui est le cas aujourd’hui.

Je pense que la seule finalité valable, aujourd’hui, est le combat pour l’acceptation des droits des femmes comme allant de soi, au même titre que pour tout être humain, et il me semble que pour ce combat, seule l’affirmation sans négociation possible de cet "allant de soi" est valable. Il me semble que dès que l’on permet la négociation, la concertation, est admise implicitement la "non-légitimité" possible des revendications.

Il me semble que les conséquences de ce manque de rigueur quant au respect de l’inaliénabilité des droits, quel que soit l’être humain, quel que soit son âge ou son sexe, permettent aux pouvoirs en place un "jeu" dont ils modifient les conditions sans que personne n’y trouve fondamentalement rien à redire, mais sans qu’ils soient fondamentalement anticonstitutionnels.

Ainsi, le droit à l’avortement suit des fluctuations surprenantes dans les pays dits développés comme les Etats-Unis, les politiques d’aide et de développement également, comme les actuelles suppressions des fonds pour la lutte contre le sexisme au Canada.

Les femmes, tampons sociaux

Les femmes, me semble-t-il, servent alors de "tampon social", ce qui permet aux populations des milieux dits populaires ou communautaires d’être plus ou moins touchées par les "jeux" des pouvoirs : ces gens sont amenés à "supporter" plus ou moins la misère imposée politiquement, d’autant plus que leur est "permis", à eux, un certain "pouvoir" sur les sous-citoyens que sont les femmes.

C’est le principe de la "soumission volontaire" dans le système du patriarcat : je supporte le tyran du moment que j’ai le pouvoir d’être moi-même tyran sur ma femme et mes enfants (cet état de fait était la base dans les patriarcats de l’Antiquité où le père avait droit de vie et de mort sur femmes, enfants, domestiques, esclaves).

En clair, et ce via la non-inaliéanabilité des droits de l’humain sans disctinction aucune d’âge ou de sexe, je ne mets pas de couleur, cette cause étant pour le moment entendue, me semble-t-il, dans les lois actuelles, mais pouvant, bien sûr, être remise en question en permanence, selon la loi de variabilité de cette non-aliénabilité des droits de l’être humain qui sévit dans nos sociétés.

De plus, j’ajouterai que l’échec des politiques démographiques d’États comme l’Inde et la Chine tient de ce non-respect de l’inaliénabilité des droits de l’humain : comment vouloir contrôler les naissances en espérant un ratio qui permette aux populations de se renouveler dans un tel contexte, lorsque leurs propres enfants féminins sont considérés comme sous-humains, sous-citoyens ? Quel parent ne veut pas éviter le malheur à son enfant ?

Mis en ligne sur Sisyphe, le 17 octobre 2006



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