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vendredi 5 janvier 2007
Myriam Bédard ou la guerre des sexes ?

par Aoua Bocar LY, Ph.D.
Sociologue et chercheure associée à l’Institut d’Études des femmes de l’Université d’Ottawa et Présidente-fondatrice du Réseau FEMMES AFRICAINES, Horizon 2015 (FAH2015)

Je ne suis certes pas la seule personne à être attristée par le traitement infligé à Myriam Bédard : mandat d’arrêt international, poursuite et arrestation spectaculaire, comparutions, menottes aux mains et habillée d’une tunique de prisonnière américaine.* Quelle humiliation pour cette athlète olympique qui fut la fierté du Québec, même du Canada tout entier, et un modèle pour les jeunes, surtout pour les filles !

En tant que femme, je me sens touchée, et en tant féministe, je me sens interpellée.

D’ailleurs, j’avoue que je suis souvent étonnée du silence complet du mouvement féministe québécois et de ses leaders (au sein des organisations ou non) face à des attaques vis-à-vis de certaines femmes, et ici, face à l’affaire Myriam Bédard. C’est, certes, un cas juridique qu’il appartient à la justice de trancher, mais c’est aussi une question de société sur laquelle des citoyens et des citoyennes peuvent se prononcer.

Au-delà de mes sentiments de compassion vis-à-vis de cette grande Dame dont j’ai toujours admiré l’intelligence, le courage, la détermination, la beauté souriante, et dont les succès ont fait notre fierté, il y a des tas de questions qui se bousculent dans mon esprit. Ni les médias, ni leurs invité-e-s n’ont pu jusqu’à présent apporter des réponses satisfaisantes. Alors, je libère ici ma conscience en les exprimant, dans l’espoir que quelqu’un-e m’aidera à y répondre.

 Ne sommes nous pas en plein dans des rapports sociaux de sexe ?
 N’avons-nous affaire à un cas typique de guerre des sexes ?
 Myriam est-elle allée au bout du monde et a-t-elle rendu sa fille inaccessible à son père ?
 N’est-ce pas juste à la porte de sortie du Canada qu’elle se trouvait ?
 A-t-elle disparu durant une longue période - 1, 2 ans ou plus - qui a inquiété ?
 Ne peut-on pas comprendre qu’elle ait eu besoin de s’éloigner et de se couper pendant un certain temps, même des gens qui lui sont proches comme ses propres parents ?
 Le père de son enfant a-t-il usé de toutes médiations (parents, ami- e- s, relations) pour avoir des nouvelles de sa fille et communiquer avec elle ?
 Ne pouvait-il pas attendre encore un peu avant de porter plainte contre la mère de sa fille ?
 Peut-être que lui-même n’avait pas imaginé que l’affaire prendrait une telle ampleur ?
 Si c’est le cas, regrette t-il d’avoir posé son geste ?
 Si ce n’est pas le cas, a-t-il pensé aux incidences de cette situation sur sa fille ?
 En faisant humilier la mère de celle-ci, ne blesse-t-il pas son enfant ?

Dans l’attente d’avoir des réponses à ces multiples questions, j’exprime en tant que mère de famille ma préoccupation de la situation de la fille de Myriam Bédard qui ne doit pas être heureuse de laisser sa mère derrière elle, en prison, et de subir tout le battage médiatique qui l’entoure. De même, j’exprime à celle qui restera, à mes yeux, une grande Dame digne d’admiration et de respect, ma solidarité féminine et mon soutien de principe. Je lui souhaite de retrouver le plus tôt que possible son pays, sa fille, son conjoint, sa famille, une paix intérieure et la joie de vivre.

* Depuis la rédaction de cet article, Myriam Bédard est rentrée au Québec.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 5 janvier 2007.



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Pas tout en majuscules
16 janvier 2008, par Micheline Carrier
> Myriam Bédard ou la guerre des sexes ?
9 janvier 2007, par Mountaga Fané Kantéka (journaliste-écrivain)
> Myriam Bédard - une petite vengeance...
7 janvier 2007, par Yvon Verrier
> Myriam Bédard ou la guerre des sexes ?
7 janvier 2007, par Fernand Locas
> Myriam Bédard ou la guerre des sexes ?
7 janvier 2007, par François Raymond



Pas tout en majuscules
16 janvier 2008, par Micheline Carrier   [retour au début des forums]

Je n’ai pas validé le message signé Rengaine car il était tout en majuscule. Désormais, je supprimerai tous les messages qui sont entièrement écrits en majuscules. Il n’y a aucune raison pour écrire un message de la sorte et cela rend la lecture difficile à l’écran.

[Répondre à ce message]

> Myriam Bédard ou la guerre des sexes ?
9 janvier 2007, par Mountaga Fané Kantéka (journaliste-écrivain)   [retour au début des forums]

Il ne faut chercher loin et ayons le courage d’appeler le chat par son nom. La persécution de M. Bédard n’a qu’un nom : son actuel conjoint Nima Majari qui est iranien. C’est comme si on ne pardonnait pas à Myriam Bédard de s’afficher avec cet Iranien qu’on accuse d’ailleurs d’être un escroc et un manipulateur. Sa propre famille lui en veut pour cela. Nous sommes encore en face de cette hypocrisie qui gangrène tant la société québécoise.

Mountaga Fané Kantéka (journaliste et écrivain)

[Répondre à ce message]

> Myriam Bédard - une petite vengeance...
7 janvier 2007, par Yvon Verrier   [retour au début des forums]

Je ne suis ni déçu, ni étonné que les associations féministes n’aient pas levé la voix pour protéger Myriam Bédard et sa fille. C’était à la communauté entière de la faire. Car pendant que le monde se demande encore si on a bien fait de pendre Saddam Hussein, on a accepté en rigolant, qu’on mette une mère en prison. Même les médias en ont rajouté : « la fillette semble en bonne santé ». Bien sur, la mère n’avait pas l’intention de lui faire du mal : c’est sa fille.

Mais on l’a arrêté devant sa fille, on l’a mis en prison, pour les Fêtes de Noel, et ramené au Canada comme une criminelle, sous le regard idiot de ses parents, qui préfèrent la savoir en prison, plutôt que de souffrir son absence.

Quelle magnifique preuve d’amour ? Mes parents se seraient plutôt laissés couper en morceaux, avant de me livrer à l’injustice américaine. Et puis, aller donc savoir si Myriam ira les visiter plus souvent. Et sa petite fille, comme elle leur sera reconnaisante d’avoir fait enfermer sa mère ne prison, pour son petit Noel !

Mais enfin, quel article du code criminel canadien défend à une mère d’emmener sa fille en vacance ? Et même si elle n’a pas respecté certaines conditions de gardes, est-ce que ca fait d’elle une criminelle ?

Dommage qu’on n’agisse pas aussi gratuitement et aussi rapidement avec les véritables criminels. Quand il s’agit d’arrêter un célèbre parrain, ou de juger un chef de gang de rues, on fait beaucoup plus de manières.

Mais qu’à-t-on à craindre de Myriam Bédard ?

On l’a fait passer pour une folle, on rapelle que son conjoint est impliqué dans une affaire louche, et ca suffit pour en faire une criminelle.

Et que fera-t-on la prochaine fois qu’on arrêtera un tueur en série ?

Tout ca n’a rien à voir avec les femmes ou la cause féministe. Il s’agit avant tout d’une cause humaniste. La même chose aurait pu arriver à un père, ou à m’importe quel autre citoyen. Et pourtant, il me semble que c’est dans notre tradition juridique : rien n’est plus important que de priver un citoyen de sa liberté. On ne doit pas le faire à la légère.

Mais quelle ironie ! On demande à nos gouvernements de nous protéger des voleurs et des criminels. Et pendant qu’on oublie les voleurs du scandale des commandites, on s’en prend à une femme qui est allée témoigner à la Commission Gommery.

Le message est assez clair : ne voyez pas le mal, et surtout, ne le dites pas. Mais si vous avez le moindre pouvoir, pour pouvez le faire sans aucune crainte.

[Répondre à ce message]

> Myriam Bédard ou la guerre des sexes ?
7 janvier 2007, par Fernand Locas   [retour au début des forums]

Tiens donc ! Et maintenant les féministes voudraient être exemptées de répondre de leurs crimes devant la Justice ! Parce qu’elles sont femmes ! Et alors ? Myriam Bédard a commis un crime, soit l’enlèvement d’un enfant. Qu’elle subisse les foudres de la Jusrtice. Point final. Invoquer les médailles olympiques qu’elles a gagnées, c’est essayer d’acheter les consciences. Justice égale pour tout le monde, féministes ou non.

[Répondre à ce message]

> Myriam Bédard ou la guerre des sexes ?
7 janvier 2007, par François Raymond   [retour au début des forums]

Mais non madame Aouar, c’est plutôt vous qui en avez encore à découdre avec l’autre sexe et qui voyez spontannément des guerre de sexe partout ; du reste vous le soulignez, les « féministes » du Québec n’ont même pas bronché. Votre erreur vient d’une méconnaissance du Québec et surtout de journalisme québécois. Les médias du Québec adorent le caca de ce genre, c’est-à-dire le potinage sur le dos des gens connus. Évidemment quand leur vie privée est concernée, c’est encore mieux. Imaginée un peu combien d’heures d’émission télé on a fait avec ça, combien d’article de journaux ; encore ce matin André Pratte, éditorialiste à La Presse en remettait. J’ai personnellement écrit à La Presse pour dénoncer l’abus médiatique, mais ici au Québec les médias font la lois. Le seul organisme de surveillance, le CPQ, est financé par les médias et n’a aucun pouvoir réel, c’est un organisme bidon. Le problème n’en est donc pas un de guerre des sexe, comme il vous aurait plu, mais un problème d’incontinence médiatique, contre lequel nous ne pouvons pas grand chose. Bonjour et désolé pour vous, la guerre des sexe ce sera pour une autre fois.

[Répondre à ce message]

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