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jeudi 20 décembre 2007
Au-delà de la charité... la justice

La fête de Noël approche et, avec elle, se multiplient les guignolées et
collectes d’argent en faveur des plus démunis.

La fête de Noël approche et, avec elle, se multiplient les guignolées et collectes d’argent en faveur des plus démunis. D’année en année, ces événements témoignent d’un élan de générosité mais surtout de la persistance de la pauvreté chez nous. Malgré l’adoption de déclarations, voire même d’une loi proposant l’élimination de la pauvreté, cette situation demeure le lot quotidien d’une part importante de la population et l’on constate que l’écart entre riches et pauvres ne cesse de croître.

La pauvreté est le résultat de décisions.

Dans un pays prospère comme le nôtre, ce n’est rien de moins que scandaleux. La pauvreté n’est ni dans l’ordre naturel des choses, ni une fatalité, ni de la faute des pauvres, comme l’a énoncé la Haut-commissaire aux droits de l’homme, madame Louise Harbour. La pauvreté est construite, elle résulte de décisions prises ou d’absence de décisions de la part de nos gouvernements, de nos entreprises, de nos institutions.

En 1989, la Chambre des Communes adoptait à l’unanimité une résolution à l’effet que la pauvreté des enfants serait chose du passé en 2000. Et, depuis 1991, le Canada et le Québec ont connu, sans interruption, une période de prospérité. Pourtant, encore aujourd’hui, un enfant sur six vit dans la pauvreté. Ses parents vivent dans la pauvreté, principalement les jeunes familles monoparentales sous la responsabilité de femmes, qui sont de surcroît souvent victimes de violence et de discrimination. Le gouvernement fédéral croule sous les milliards d’excédents budgétaires mais, une fois de plus, le récent énoncé budgétaire du ministre des Finances exclut tout apport significatif additionnel pour soutenir la construction de logements sociaux, des programmes d’interventions sociales en matière d’itinérance ou toute autre mesure visant concrètement à faire reculer la pauvreté.

Fin 2002, l’Assemblée nationale du Québec adoptait à l’unanimité la Loi 112, Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. L’objectif de faire du Québec, en 2013, l’une des nations industrialisées comptant le moins de personnes en situation de pauvreté apparaît comme un vœu sans réelle portée et ne sera pas atteint si le gouvernement poursuit dans ses orientations actuelles. En effet, le maintien du salaire minimum nettement en-dessous d’un revenu décent, le refus d’ajuster les prestations d’aide sociale à un niveau équivalent au seuil de faible revenu ainsi que le refus d’indexer pleinement ces prestations font que des milliers de familles demeurent prisonnières de la pauvreté et de l’exclusion.

Une question de droits

La lutte contre la pauvreté est une question de respect des droits humains, notamment celui du droit à niveau de vie suffisant que le Canada et le Québec se sont engagés à mettre en œuvre en adhérant en 1976 au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Ce pacte de l’Organisation des Nations-unies a pour objet de mettre en oeuvre la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

Ainsi, le droit de vivre dans un logement décent est tout aussi lié à la dignité humaine que le sont les droits à la vie, à la liberté et à la sûreté de même que celui d’être protégé contre la torture. Or, depuis 1993, l’ONU a, à trois reprises, constaté au Canada et au Québec des violations systématiques aux droits protégés par ce pacte. Tout récemment, le Rapporteur spécial de l’ONU sur le logement décent a dénoncé le manque d’accès à un logement convenable de même que le phénomène d’itinérance dans un des pays possédant l’une des plus importantes richesses collectives dans le monde.

Face à l’irresponsabilité de nos gouvernement et leur absence de respect à l’égard des droits économiques, sociaux et culturels, des réseaux de solidarité tentent d’atténuer les effets de la pauvreté en sollicitant des actes de charité. En répondant à cette sollicitation, il faut être conscients que cette solution est stérile si elle n’est pas accompagnée de changements structurels pour véritablement éradiquer les violations de droits humains à l’origine de la pauvreté. Car la charité est souvent justifiée comme étant la seule réponse à une fatalité.

Des mesures concrètes doivent être prises pour garantir l’exercice réel des droits tels que le droit à un niveau de vie suffisant pour soi-même et sa famille, incluant un logement convenable, le droit à la sécurité sociale, le droit à l’éducation, l’accès aux soins de santé et de services sociaux en pleine égalité, le droit à des conditions de travail justes et favorables. Nous en appelons à nos concitoyens et à nos élus pour faire passer la pauvreté de l’univers de la charité, où on voudrait bien la cantonner, à celui de la justice qui la considère pour ce qu’elle est vraiment : le non-respect de droits reconnus.

ACAT-Canada, Aide internationale pour l’enfance, Alliance des professeures et professeurs de Montréal, Alliance interprofessionnelle de Montréal, Alternatives, Amnistie internationale Canada francophone, AQOCI, Association des paraplégiques du Québec, ADDS Rive-Sud et Kamouraska, APIC-Côte-Nord, ASSÉ, AQCME, ATD Quart Monde Canada, Aujourd’hui Credo-Église Unie du Canada, Bureau Justice sociale-Soeurs de Sainte-Anne, Bureau de la communauté haïtienne de MTL, Centre justice et foi, Club Amistad Québec-Honduras, Collectif pour un Québec sans pauvreté, Comité de justice-Sœurs des Saints noms de Jésus et de Marie, Comité de solidarité/Trois-Rivières, Comité des usagers du CSSSNL, Comité JPIC-CUM Soeurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique, CDHAL, Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec, Conseil régional FTQ/MM, Comité Justice sociale des Soeurs Auxiliatrices, Comité Justice-Québec de la CRC, CDDS de Lotbinière, Droits Devant, Droits et Recours-SM Gaspésie/Les Îles, Entraide missionnaire, Équiterre, FAC, FFQ, FIQ, FNEEQ, FRAPRU, FCPASQ, Groupe Solidarité Justice, Groupe-Ressource du Plateau M-R, Halte la Ressource, Commission Justice,
Paix et Intégrité de la Création-Petites Sœurs de l’Assomption, Fraternité de l’Épi, Maison d’Aurore, Le Campagnol, Dominicaines de la Trinité du Québec, Soeurs de l’Assomption de la Sainte Vierge de Nicolet, Ligue des droits et libertés, Moisson Kamouraska, MTCN, OPDS Valleyfield, Pastorale et Solidarité sociales Sainte-Croix, Pastorale Sociale Centre-Sud, PLAIDD-BF, R.E.P.A.S. de Rouyn-Noranda, RCLALQ, Réseau Culture et Foi, RAPSIM, RIAPAS-Châteauguay, Réseau solidarité Itinérance du Québec, Services juridiques communautaires de Pointe St-Charles et Petite Bourgogne, Sœurs Missionnaires de N-D d’Afrique-Comité JPCI-CUM, SUCO, Syndicat des professeures et des professeurs du collège Édouard-Montpetit, TROVEPs de l’Estrie, de l’Outaouais et de la Montérégie.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 10 décembre 2007



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