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vendredi 7 février 2003 Y a-t-il un bon clonage et un mauvais clonage ?
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Il y a en général peu d’événements à couvrir entre Noël et le Nouvel An, un temps mort pour les médias. Alors, cela explique peut-être l’attention excessive que ceux-ci ont accordée à l’annonce par Clonaid, le 27 décembre, de la naissance d’“Ève”, le “premier clone humain”. Cela excuse aussi peut-être les journalistes et les diffuseurs qui ont oublié l’abc de l’école de journalisme, soit de vérifier leurs sources. Après tout, c’étaient les Raéliens, les disciples des extraterrestres, qui avaient annoncé cet événement et qui revendiquaient l’expertise scientifique nécessaire !
En tout cas, ces alchimistes du 21ème siècle et leur prétendue découverte d’un traitement universel contre la mort ont réussi à attirer l’attention. Et immédiatement, on a eu droit à des réactions dénonçant ce battage médiatique qui « ferait peur » au gouvernement canadien et le pousserait à adopter une "loi inopportune sur le clonage". On se réfère particulièrement au projet de loi C-13, qui doit être débattu au Parlement dans les prochaines semaines. Ce projet de loi contient des clauses qui interdisent la création d’embryons pour la recherche et, de ce fait, interdisent (en partie) ce qu’on appelle le clonage "thérapeutique". Des prétentions de scientifiques également Plusieurs chercheur-es et bioéthicien-nes traditionnel-les qui parlent de cette dichotomie "bon clone/mauvais clone" ont commencé à avoir des prétentions aussi controversées que celles des Raéliens. Peut-être même pires. Ils ont camouflé leurs objectifs de façon à détourner notre attention, inconsciemment ou non, des raisons pour lesquelles nous devrions être critiques face à TOUT clonage. En faisant de vagues promesses - et ce n’est que ça, des promesses - à l’effet qu’il s’agit de recherches en vue de « sauver des vies », pleines d’« espoir pour les malades » et en disant qu’il faut protéger le droit des scientifiques à travailler pour des "fins légitimes", ceux qui préconisent le "clonage thérapeutique" transforment les critiques en réactionnaires insensibles au sort des malades. Et quand ses partisans déclarent par surcroît que, sans leur travail, le Canada perdra son avantage compétitif en chassant la recherche là où il n’y a pas de restrictions, ils rendent les critiques potentiellement responsables de l’affaiblissement de l’économie et de la "fuite des cerveaux". Les vrais enjeux du clonage thérapeutique Nous ne devrions pas nous illusionner et penser que le clonage « thérapeutique » concerne (seulement ou essentiellement) l’obtention de cellules souches qui vont permettre de sauver des bébés fragiles, de guérir des enfants condamnés, de restaurer toutes les fonctions physiques des malades chroniques, ou toute autre raison que les partisans du clonage mettent de l’avant. Tout d’abord, il n’existe actuellement aucune recherche permettant d’appuyer ces affirmations, la plupart des travaux ayant été réalisés seulement à l’échelle animale, celle-ci souvent n’ayant rien à voir avec l’expérience humaine. De plus, d’autres sources de cellules souches et d’autres traitements potentiels innovateurs sont déjà en cours de recherche pour les maladies de Parkinson et d’Alzheimer, sans recourir à la création d’embryons ou le clonage. Exiger tout de suite une législation En France, un projet de loi sera discuté au Sénat, le 28-30 janvier, dans lequel le ministre de la santé Jean-Francois Mattei inscrira, dans le code pénal, le clonage reproductif comme un « crime contre l’espèce humaine ». Il dit souhaiter que : « le clonage thérapeutique - porte ouverte au clonage reproductif - reste interdit. L’utilisation du terme "thérapeutique" est une escroquerie intellectuelle au point où nous en sommes. C’est un mensonge, les gens pensent que c’est pour tout de suite. » (Le Devoir, 22.01.03) Mis en ligne sur Sisyphe le 23 janvier 2003 Glossaire de la biotechnologie |