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vendredi 28 mars 2014

Comment lever les obstacles à l’accès des femmes au pouvoir ?

par Johanne St-Amour, féministe radicale et collaboratrice de Sisyphe






Écrits d'Élaine Audet



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Attablées au Café Krieghoff, un vénérable bistrot de 35 ans très prisé sur le Plateau Montcalm à Québec, Esther Lapointe, directrice générale du Groupe Femmes, Politique et Démocratie (GFPD) et moi, discutons énergiquement des femmes et du pouvoir. De toute évidence, le froid glacial de ce matin de mars n’a pas paralysé notre préoccupation et notre enthousiasme au sujet de l’égalité et de la libération des femmes.

À ceux qui disaient que l’État ne prendra pas les femmes par la main afin qu’elles se présentent en politique, Esther Lapointe réplique, sans appel, que la volonté politique demeure un levier essentiel à l’augmentation du nombre de femmes en politique.

Les règles apparentes et non apparentes de l’accession aux postes de pouvoir ont été écrites par des hommes et, heureusement, on peut et on va devoir changer ces règles si l’on veut que les femmes accèdent à ces postes. Des femmes en politique déplorent le fait que des politiciens contestent tout changement, car cela impliquerait naturellement de céder leur place. Ces hommes désirent que les femmes entrent dans la lutte, mais à leur manière à eux et sans incitation.

En premier lieu, il serait donc important de limiter les mandats des élu-es à trois ou quatre. La société québécoise profiterait ainsi d’une plus grande variété de talents, de compétences, de valeurs, de visions, de façons de faire. Un-e élu-e qui dispose d’un temps limité précis pour réaliser ses idéaux concentre davantage ses efforts et ses actions à atteindre ses cibles. Bien sûr, il peut être difficile après toutes ces années de quitter un poste prestigieux et valorisant, mais démocratiquement, il serait préférable de laisser la chance à d’autres. Et bien que l’expérience soit un atout - on peut le constater pour Pauline Marois dont l’expérience au gouvernement est considérable -, elle n’est pas un pré-requis : Robert Bourassa est entré très jeune en politique, il avait très peu d’expérience du pouvoir, et il n’est pas le seul.

La limite des mandats permettrait donc de mettre fin à un des obstacles majeurs de l’accessibilité des femmes aux postes de pouvoir, un obstacle dit structurel. Une autre mesure structurelle importante serait que l’État exige la parité au niveau du conseil des ministres et au niveau des candidatures des partis, tout simplement.

Le GFPD préconise que le prochain gouvernement modifie la loi électorale et que la parité devienne une obligation. D’autant plus que les partis sont maintenant largement subventionnés par l’État, c’est-à-dire par l’argent de toutes et tous les contribuables, l’État est alors en mesure et justifié d’imposer une telle législation.

Les femmes forment plus de 50% de la population, il est tout à fait légitime de demander qu’elles soient 50% à nous représenter. La population québécoise est prête pour une représentation égalitaire ; l’électorat n’est pas sexiste, ajoute Esther Lapointe, et quand tous les partis se seront conformés à cette règle, la majeure partie du problème de l’accès des femmes aux postes de pouvoir sera résolu. En attendant cette loi, le GFPD incite, depuis déjà quelques années, les partis politiques de tous les niveaux à échafauder leur propre politique d’égalité (1). Il faudra ensuite continuer de s’attaquer aux constructions sociales du modèle féminin.

Les paradigmes de socialisation imposent que nous, les femmes, soyons belles, fines, délicates, parfaites, serviables, etc., et les principaux modèles auxquels nous avons été confrontées répondaient à ces attentes.

Il faut aussi que les femmes acquièrent davantage de confiance en soi. Même très compétentes, très scolarisées, nous manquons encore de confiance. Nous n’avons pas cette conviction tranquille, comme une majorité d’hommes, de posséder toutes les compétences nécessaires pour affronter de tels défis. Lorsque nous visons des postes de prestige, nos attentes sont très élevées, trop élevées et irréalistes.

On ne nous a pas enseigné que le pouvoir, ça s’apprend, que nous n’avons pas besoin de posséder « toutes » les compétences que nous jugeons, souvent à tort, nécessaires à son exercice. Nous devons tenir compte du fait que nous en acquerrons de nouvelles au fur et à mesure que nous le pratiquerons.

Mais le double standard représente un obstacle majeur pour les femmes qui souhaitent faire une carrière politique. La société nourrit envers elles des attentes beaucoup plus grandes qu’envers les hommes, et on juge bien plus sévèrement les femmes politiques. (2)

Esther Lapointe conclut qu’avec de telles mesures la parité ferait un pas de géant !

On en est malheureusement encore loin. En effet, selon des données du Directeur général des élections, sur 815 candidates et candidats à l’élection du 7 avril prochain, on trouve seulement 241 candidatures féminines, soit 29,6% : « Les femmes représentent 23% des candidatures de la Coalition Avenir Québec-L’Équipe François Legault, 28% des candidatures du Parti libéral et 37,1% des candidatures du Parti québécois. Québec solidaire est le parti qui compte le plus de femmes dans ses rangs avec 50 % de candidates. Les bulletins de vote de 16 circonscriptions auront plus de noms de femmes que de noms d’hommes. Finalement, dans 15 circonscriptions, il n’y a aucune candidature féminine. » (3)

La proportion de candidates en 2014 est à peine plus élevée qu’à l’élection de 2012 (28,4%) et elle est moindre qu’à l’élection de 2008 au cours de laquelle 31% des candidatures étaient féminines. (4)

Notes

1. Groupe Femmes, Politique et Démocratie, , « Les parties et l’égalité », 2006.
2. Sylvie Bergeron, « Pauline Marois n’est tout de même pas le diable incarné »
3. Le Directeur général des élections du Québec, Élections générales, , Communiqué no 14, « 815 candidates et candidats seront dans la course aux élections générales du 7 avril », 22 mars 2014.
4. Michel Leclerc, Pourquoi je vote, « Québec 2012 bat le record du nombre de candidats ! », 23 août 2012.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 27 mars 2014



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